Du zèle de la part des «petits bonhommes verts», accusent deux géants québécois du transport


Julien McEvoy
Des contrôleurs routiers se seraient acharnés sur deux grandes compagnies de transport du Québec, mardi matin, en multipliant les interventions sur leurs camions dans le cadre de leurs négociations avec le Conseil du trésor, ce que nie le syndicat.
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«Les petits bonhommes verts savent très bien ce qu’ils font, ils nous visent pour que ça se rende jusqu’au Conseil du trésor», déplore le patron du Groupe Guilbault, Eric Gignac, qui se qualifie lui-même de «grande gueule de l’industrie».
Mardi matin, un de ses camions a été suivi par un contrôleur pendant 20 minutes sur l’île de Montréal, dit-il, avant d’être intercepté alors qu’il franchissait le pont Jacques-Cartier.
Le chauffeur est sorti sur l’île Notre-Dame, une inspection sans résultats a été menée, et le camion de 53 pieds s’est réengagé sur le pont, ce qui a bloqué la circulation pendant quelques minutes.
Douze camions du Groupe Guilbault ont été visés de la sorte, mardi matin, dit Eric Gignac. Vingt-deux camions du Groupe Robert l’ont aussi été, indique cette entreprise, alors qu’en temps normal, un transporteur est contrôlé une quinzaine de fois par mois.
«Ils frappent sur les entreprises québécoises alors qu’ils devraient se concentrer sur les chauffeurs illégaux», se révolte le transporteur de Boucherville.
Eric Gignac fait référence à la crise des Chauffeurs Inc., ces camionneurs encouragés par des employeurs à s’incorporer pour payer moins d’impôts. L’industrie du camionnage presse Ottawa d’agir dans ce dossier depuis deux ans.

Pas de convention
Le Québec compte 315 contrôleurs routiers qui gagnent en moyenne 65 000$ par année. Sept jours par semaine, 24 heures par jour, ils sillonnent nos routes et contrôlent plus de 100 000 camions chaque année.
Leur convention est échue depuis bientôt deux ans. Jeudi dernier, le Trésor s’est levé de la table de négociation à la suite d’un désaccord.
«Ils nous utilisent dans leurs négociations. C’est du syndicalisme des années 70, c'est de la petite magouille de Gestapo», se frustre Eric Gignac.
Au syndicat, on refuse cette façon de voir les choses. «Il n’y a pas d’escalade, il n’y a pas vraiment de moyens de pression», indique Jean-Claude Daignault, le président de la Fraternité des constables du contrôle routier du Québec.
À Québec, le cabinet de la présidente du Conseil du trésor indique que la ministre Sonia LeBel est disponible pour poursuivre les discussions à la table.
Parmi les plus de 100 000 interventions, environ 2000 sont «spéciales» et mènent à des situations de danger, indique le syndicat. L'an dernier, une contrôleuse routière a été poussée et attaquée sur l’autoroute.
C'est une sortie du syndicat, la semaine dernière, au sujet du rôle de ses 315 agents de la paix dans la lutte au fentanyl qui aurait mené au différend avec la ministre.
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