Du Plateau Mont-Royal à sa petite île privée en une heure à peine: «Ici, on se sent libre»
Une Montréalaise a fait l’acquisition d’une île sur le fleuve où elle se rend le plus souvent possible
Martin Jolicoeur
Plusieurs Québécois ont réalisé leur rêve d’habiter sur une île isolée du fleuve Saint-Laurent. Le Journal vous présente quelques-unes de ces histoires incroyables, mais aussi les défis que représentent ces lieux uniques.
Une résidente de Montréal a la chance de pouvoir sortir de la métropole et se retrouver seule sur son île privée en à peine plus d’une heure.
En 2021, Diane Urbain a acheté une maison construite sur la petite île Bluteau, en plein milieu du fleuve Saint-Laurent, pour 590 000$.
Pour s’y rendre, ce qu’elle fait aussi souvent que possible, la mère de deux enfants conduit 80 minutes en voiture à partir de son logement du Plateau Mont-Royal. Il lui faut ensuite quelques minutes pour rejoindre son île en ponton. C’est tout le temps qu’il lui faut pour s’évader, changer de monde.
«Ici, on se sent libre. On profite de la vue, du soleil, du vent... On fait du paddle, on se fait des petits feux. Le soir, on profite des couchers de soleil à couper le souffle», dit-elle.
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Les gens s’imaginent à tort que de posséder une île requiert une fortune. En réalité, c’est souvent moins cher qu’un chalet classique au bord de l’eau, explique-t-elle. «Car il faut savoir que vivre sur une île, c’est aussi beaucoup de troubles», ajoute-t-elle, sans une once de regret.
«Tout est compliqué. On veut faire des rénovations, amener du gypse, des madriers, faire venir un plombier, absolument tout doit obligatoirement être transporté par bateau. Il en va de même pour l’épicerie, les meubles qu’on souhaite changer, ou les déchets qu’il faut évidemment ramener.»
Et puis il y a les conditions météo. Pendant au moins deux mois, au début et à la fin de l’hiver, l’île devient à peu près inaccessible. Que ce soit par bateau, traîneau ou motoneige.
L’îlot était d’ailleurs en vente depuis un certain temps lorsque Diane Urbain l’a visité pour la première fois. Il se trouve au large de Sainte-Barbe, sur le lac Saint-François, un élargissement naturel de 233 km2 du fleuve Saint-Laurent, à l’extrême ouest de la Montérégie.
Les petites et grandes difficultés de la vie d’insulaire sont telles que, depuis son acquisition, Diane Urbain n’a de cesse de s’interroger avec affection sur celui qui a eu un jour l’ambition d’y construire une maison de trois étages. «Je ne le connais pas. Mais je crois que ça devait être quelqu’un d’original.»
«Le jour où il a commencé à y transporter des tonnes de briques en chaloupe pour y construire sa maison, quelqu’un a bien dû lui dire que ce n’était pas une bonne idée! Bref, je serais vraiment curieuse de rencontrer cette personne et qu’il me montre des photos d’il y a 40 ans.»
Française d’origine, débarquée au Québec voilà plus de vingt ans, celle qui avait toujours vécu en ville jusque-là n’aurait jamais cru pouvoir un jour devenir propriétaire d’un tel lieu.
Et pourtant... «La seconde où j’y ai posé le pied, je me suis dit: "Ici, c’est tellement magique. Je suis chanceuse de pouvoir m’offrir ce rêve. Ce sera mon île au trésor"», dit-elle.
Elle profite aujourd’hui du résultat des labeurs des anciens propriétaires. Elle chérit aussi le projet de confectionner un drapeau et peut-être de lui attribuer un nouveau nom. Si la Commission de toponymie le lui permettait, son choix est déjà fait: elle la baptiserait «l’île Émerveillée».
Île Bluteau
- Sainte-Barbe, Montérégie
- Diane Urbain
- Acquise en 2021
- 1737,8 m2
