Drame à Montmagny: prisonnière de son véhicule, une notaire se noie devant des secours impuissants
La conductrice a sombré dans la rivière du Sud pour une raison qui reste inexpliquée


Louis Deschênes
Prisonnière de son véhicule au milieu de la rivière du Sud, à Montmagny vendredi dernier, une jeune notaire de 36 ans a vécu l’enfer avant de mourir sous le regard impuissant des secours.
• À lire aussi: Voiture submergée à Montmagny: la victime identifiée
• À lire aussi: [EN IMAGES] Une voiture submergée dans la rivière du Sud à Montmagny; une femme a perdu la vie
L’automobile de Josyane Tanguay-Pelletier a flotté pendant au moins 25 minutes, selon le principal témoin, avant de sombrer dans les eaux glacées.
«Elle me faisait des signes, je lui ai crié: “J’ai appelé la police, ils vont venir te sauver”, je lui ai répété souvent, je restais en communication avec elle, mais les services d’urgence n’arrivaient pas», affirme Claude de la Durantaye, témoin de la scène d’horreur.

Même une fois arrivés sur place, les policiers et les pompiers n’ont pu porter assistance à la victime aussi rapidement qu’ils l’auraient souhaité.
C’est que les pompiers du Service incendie de Montmagny n’ont pas les formations nécessaires pour intervenir sur l’eau, même s’ils possèdent une embarcation.
Le chef Pierre Boucher confirme que certains équipements ont été achetés, mais qu’il va falloir attendre encore quelques mois pour finaliser la formation du personnel.
«Si la question c’est de savoir si on a une équipe nautique, la réponse est non. Est-ce qu’on va en avoir une éventuellement, la réponse est oui», dit-il.
Ce sont les croisières Lachance qui ont été appelées en renfort et ont réussi à sortir le véhicule de l’eau.
«En 10-15 minutes, tout était fait. Le bateau était à l’eau et le char était sorti [...] Pas de doute, on pouvait la sauver. Ça prend une équipe d’urgence avec des pompiers formés à Montmagny», raconte le témoin.
«Je ne voulais pas l’abandonner»
Le camionneur de 60 ans qui travaillait dans le secteur a tout vu. Il était à une centaine de pieds quand, vers 12 h 30, il a vu le véhicule utilitaire plonger dans la rivière.
L’homme a immédiatement pris sa radio qu’il avait à portée de main pour communiquer avec son patron. Ce dernier a composé le 911 sur-le-champ.
À partir de ce moment, M. de la Durantaye s’est mis en mode solution. Il s’est approché le plus possible de la rive pour entrer en contact avec la victime.
Il raconte que la femme semblait inconsciente au départ. Pendant ce temps, l’auto dérivait et tourbillonnait quand la jeune femme a donné signe de vie.
«Je n’ai jamais arrêté de lui parler. C’est difficile à expliquer, mais nous avons eu une connexion, je ne voulais pas l’abandonner», rapporte-t-il.
Implorer le Ciel
Claude de la Durantaye se sentait tellement impuissant devant la situation qu’il a imploré le Ciel. Pour lui, c’était devenu la seule façon de prolonger la vie de celle qui avait l’âge d’être sa fille.
«Je priais le bon Dieu et le char flottait, je me suis dit : je vais continuer, mais ç’a été trop long avant que les secours arrivent. J’entendais des sirènes, mais je ne voyais pas un chat», relate-t-il avec beaucoup de désarroi.
Il explique également que la native de Rimouski est restée calme, refusant de paniquer jusqu’à la toute fin alors qu’elle se déplaçait dans la voiture comme par instinct de survie.
«Un moment donné, c’est comme si le char s’était accroché dans le fond de la rivière et le devant a commencé à piquer du nez.»
Une jeune femme pleine d’énergie qui mordait dans la vie

Promise à un bel avenir, Josyane Tanguay-Pelletier avait trimé dur pour devenir avocate, puis notaire avant d’être emportée de façon aussi tragique alors qu’elle revenait d’une formation, la veille, à Vaudreuil-Dorion.
La native de Rimouski allait rejoindre son copain, de qui elle était follement amoureuse, à Matane, pour le week-end.
Depuis vendredi, c’est la consternation dans l’entourage de la jeune femme de 36 ans qui débordait d’énergie.
Les membres de sa famille se questionnent sur la cause de l’accident, mais ils craignent que leur Josyane ait subi un malaise.
«On ne saura jamais»
C’est qu’elle avait déjà été suivie par une équipe de neurologues de l’hôpital l’Enfant-Jésus à Québec pour des absences épileptiques, mais selon ses proches, le problème semblait réglé depuis quelques années.
«On ne sait pas, un malaise ou la fatigue et en plus, on ne saura vraiment jamais», mentionne son beau-père, Bertrand Potvin, complètement dévasté par le drame.
Le Bureau du coroner a ouvert une enquête et une autopsie a été demandée.
La famille écarte toutefois la théorie du geste volontaire.
Selon M. Potvin, celle qu’il appelle sa fille était très heureuse dans son nouveau travail et elle était en amour.
«Elle parlait d’avoir des enfants», confie-t-il avec émotion.
Échange avec le témoin
Les parents de Josyane ont accepté de parler avec Claude de la Durantaye, le principal témoin dans cette affaire.
Malgré la douleur, ils voulaient en savoir un peu plus sur les circonstances du drame.
«Elle s’est vue mourir à petit feu dans l’eau glacée, c’est épouvantable», affirme Bertrand Potvin qui décrit Josyane comme une fille qui mordait dans la vie.
La victime travaillait aux affaires juridiques de la MRC de Rimouski-Neigette. Elle détenait deux baccalauréats et une maîtrise en droit notarial.
«Elle a fait de hautes études pendant sept ans. C’était une femme exceptionnelle qui adorait relever des défis», conclut le beau-père endeuillé.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.