Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Doug Ford: la grenouille qui se voulait bœuf

Photo AFP
Partager
Photo portrait de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté

2025-03-12T15:30:00Z
Partager

Nous avons assisté à une bien étrange séquence politique.

Doug Ford, le premier ministre ontarien, depuis quelques semaines, jouait un rôle central dans la politique canadienne.

Le vide politique à Ottawa lui a permis d’enfiler de manière inattendue la tenue de «capitaine Canada», en incarnant la ligne dure face aux Américains.

C’est lui qui jouerait contre eux les gros bras. Ce serait lui, le vrai chef des Canadiens en colère.

C’est à croire qu’il s’est aimé dans ce rôle, qu’il s’est cru, comme on dit communément.

Canada

On l’a vu dans la passe d’armes entourant les tarifs sur l’électricité – puis avec la menace faite aux Américains de leur couper le courant. Ford, sûr de lui, s’est imaginé faire plier le géant américain, en croyant probablement au triomphe de David contre Goliath.

Sauf que les choses ne se sont pas passées ainsi.

Doug Ford a appliqué ses tarifs, et pour le sanctionner, et même sanctionner le Canada dans son ensemble, les États-Unis ont décidé de doubler les tarifs sur l’aluminium et l’acier, ce qui allait heurter principalement le Québec.

Ce qui confirme encore une fois ce que plusieurs peinent à voir: non seulement le Canada ne nous protège pas face aux USA, mais il nous nuit.

Publicité

D’un coup, le réel a frappé Doug Ford, à la manière d’un coup de deux-par-quatre au visage.

La grenouille a voulu jouer au bœuf, elle a découvert que le monde ne se soumet pas à nos fantasmes.

Disons-le clairement: un pays comme le Canada ne peut tout simplement pas gagner une guerre commerciale contre les États-Unis. C’est ainsi. C’est une question de poids. De taille. Elle compte.

J’entends dire: nous ne pouvons pas capituler.

Mais de quoi parle-t-on ici? Ce n’est pas capituler que de construire une réponse politique tenant compte de notre rapport objectif.

L’administration Trump est instable, et découvre que sa politique tarifaire est bien plus difficile à appliquer qu’elle ne le croyait, du moins à court terme.

Ce sont davantage les contradictions internes de la société américaine qui pourront faire reculer Trump, plutôt que les rodomontades canadiennes. Tel doit être le sens de notre effort diplomatique.

Je reviens à la relation Canada-Québec.

Trump

On cherche à nous faire croire que nous vivons un grand moment d’unité canadienne. C’est une blague, un mensonge grossier, digne de la plus basse propagande, et je suis étonné que François Legault se soit laissé embobiner par un tel récit. Est-ce parce qu’il espérait ainsi déjouer le PQ, dont la première place dans les sondages se confirme?

Dans les faits, le Canada ne protège aucunement le Québec. Il prend des décisions pour lui-même, en fonction de ce qu’il croit être son intérêt général, et le Québec n’y est qu’une variable d’ajustement.

Il n’y a pas d’unité canadienne actuellement, mais un Canada paniqué qui se retourne objectivement contre nous, pour le plaisir de brandir son drapeau.

Publicité
Publicité