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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Doug Ford, capitaine Canada; François Legault, capitaine Haddock

Photo d'archives, REUTERS
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Photo portrait de Thomas  Mulcair

Thomas Mulcair

2025-02-28T05:00:00Z
2025-02-28T05:10:00Z
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François Legault doit envier Doug Ford.

Le premier ministre du Québec est pris à gérer «une bande de crabes à pattes de mouche» pendant que son vis-à-vis ontarien savourera vraisemblablement – à moins d’un revirement imprévisible au moment d’écrire ces lignes – sa troisième victoire majoritaire.

Doug Ford a osé déclencher des élections anticipées, et tout indique qu’il aura gagné son pari malgré les nombreuses casseroles éthiques qu’il traînait. Il s’est présenté en capitaine Canada, arborant fièrement une casquette «LE CANADA N’EST PAS À VENDRE». Et grâce à la panique suscitée par Trump, sa réélection était quasi assurée depuis le début.

Durant la campagne, le premier ministre ontarien n’a pas été sérieusement inquiété par ses adversaires libéraux, néo-démocrates ou verts, qui ont divisé le vote.

Ford s’est moqué des règles encadrant les élections à date fixe, mais cela ne lui a rien coûté.

J’ai regardé le débat des chefs de nos voisins: c’était trop facile. Que ses adversaires parlent de santé, d’éducation ou d’environnement, sa réponse était toujours la même: oui, mais... on n’a rien de tout ça si on n’a pas d’économie. Et l’économie est menacée.

C’était simple, brutal et efficace.

Legault pris en étau

François Legault regrette probablement de ne pas avoir, lui aussi, déclenché des élections anticipées. Le problème, c’est qu’il est tellement bas dans les sondages, en raison de ministres incompétents, que même la menace de Trump ne peut servir de catalyseur pour relancer la CAQ.

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Pourtant, Legault s’est illustré lors de ses rencontres aux États-Unis. Ses positions sur les représailles commerciales et la défense de l’industrie de l’aluminium étaient remarquablement bien calibrées.

Il a démontré qu’il possède l’étoffe d’un chef en temps de crise... mais ça ne l’aide pas.

Ténors incompétents

Malgré l’expérience de Legault, la performance lamentable de certains membres de son équipe est un boulet monumental. C’est vrai que c’est lui qui les choisit et les garde en place, mais en ce moment, c’est pire que pire, et c’est notre capitale nationale qui en paie le prix.

Le troisième lien continue de se promener d’est en ouest, et sept ans plus tard, il n’y a toujours pas de plan concret ni de première pelletée de terre.

Les ténors de la CAQ n’ont même pas été capables de protester sérieusement lorsque Pierre Poilievre s’est moqué du projet de tramway de Québec.

Legault doit se rappeler les jurons colorés du capitaine Haddock, en regardant aller ses députés et ministres de la Capitale-Nationale.

Incurie

Pas besoin d’être un expert en administration publique pour comprendre que, dans des dossiers comme ceux du troisième lien et de SAAQclic, la CAQ atteint des sommets d’incompétence, d’incurie et d’ineptie.

Éric Caire et Geneviève Guilbault prétendent que la perte de 500 millions à la SAAQ est la faute des libéraux, alors que la CAQ est au pouvoir depuis sept ans! Éric Caire vient finalement d’annoncer son départ. Et Guilbault?

Sonia LeBel, l’une des rares personnes compétentes au sein des ministres, a même été éclaboussée par une nomination douteuse.

Doug Ford a démontré qu’un chef téméraire peut passer à travers de graves problèmes d’intégrité.

Malheureusement pour lui, François Legault est en train d’apprendre que l’incompétence, elle, est insurmontable.

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