Double meurtre à Longueuil: «On n’a presque pas parlé de ma fille!»
Une mère endeuillée déplore qu’on ait plus parlé des détenus privés de repas chauds que des victimes durant le procès


Valérie Gonthier
La mère d’une femme tuée de six balles à Longueuil en 2022 déplore que les débats sur les conditions de détention et les sandwichs froids servis aux accusés aient occupé une si grande place en début de procès.
«Pourquoi on a discuté de ce que les accusés mangent et des vêtements qu’ils portent, mais on n’a presque pas parlé de ma fille?» s’est indignée Giselle Green, la mère de Sophie Langelier.

La femme de 42 ans ainsi que son compagnon Kadar Ahmed, 34 ans, ont été tués par balles le 23 septembre 2022.
Christopher Campagnolo et Tatiana Isabel Sanchez subissent leur procès au palais de justice de Longueuil en lien avec ce double meurtre. Le jeune homme de 21 ans est accusé de deux meurtres non prémédités et la jeune femme de 25 ans d’un meurtre non prémédité et de complicité après le fait.

Le jury est séquestré depuis mardi en vue de rendre ses verdicts. Il ignore que Campagnolo et Sanchez ont bien failli subir leur procès en liberté plutôt que détenus.
Des sandwichs froids
Car avant même que ne commence la preuve, le juge Daniel Royer déplorait les conditions de détention des accusés.
Ces derniers n’avaient notamment pas été amenés au centre de détention de leur choix, les privant ainsi de leurs vêtements. Puis il y a eu des retards et l’on a tardé à offrir à Sanchez des analgésiques en vente libre alors qu’elle était fiévreuse.

Mais aussi, les accusés ont été contraints de manger des sandwichs plutôt que des repas chauds.
«On ne peut pas envisager donner à un détenu des sandwichs froids pendant deux mois. C’est déshumanisant. On ne fait pas ça à son chien de compagnie, lui donner tout le temps la même affaire», avait commenté le juge.
Cela avait mené à de longs débats, qui avaient monopolisé une grande partie des trois premières journées du procès, en l’absence des jurés.

«Moi, je n’ai pas travaillé depuis septembre 2022. Je n’ai pas d’aide. Et personne ne se soucie de ce que je mange», a pesté Mme Green.

À plus d’une occasion, le juge de la Cour supérieure n’avait pas caché son exaspération face au manque de flexibilité du service de détention, opéré par Québec, qui nuisait ainsi au bien-être des accusés et au bon déroulement des procédures.
Un problème «systémique»
S’il a noté que la situation des repas et des conditions de détention s’était finalement réglée au troisième jour du procès, selon le magistrat, «le problème de fond» reste. Il est même «systémique».
Les deux accusés sont finalement restés détenus.
Le jury demeurera séquestré jusqu’à ce que tous les membres s’entendent sur des verdicts unanimes.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.