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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Dossier santé numérique: des entreprises québécoises dénoncent l’exclusion au profit de firmes américaines

Stéphane Lajoie, PDG de Clic Santé.
Stéphane Lajoie, PDG de Clic Santé. Courtoisie Clic Santé
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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2025-02-11T05:00:00Z
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Pendant que Québec investit 1,5 milliard$ pour numériser la santé avec Epic Systems, des entreprises québécoises laissées pour compte dénoncent la dépendance excessive aux technologies des géants américains.

Selon nos informations, l’adoption massive de solutions informatiques américaines suscite un malaise parmi les employés du ministère de la Santé et de Santé Québec. «Avec toutes les coupes en santé, le climat avec les USA, c’est discutable de maintenir ces liens d’affaires», a déclaré une source près du dossier.

Dans le secteur de la santé, cette dépendance aux solutions étrangères soulève des inquiétudes, notamment en matière de souveraineté numérique et de protection des données, dans un contexte de guerre commerciale avec les États-Unis.

Par exemple, le Dossier santé numérique (DSN), qui sera la future porte d’entrée des multiples services numériques de première ligne, est entre les mains de la firme américaine Epic Systems.

Des entreprises mises de côté

Des entrepreneurs québécois affirment que leur expertise est ainsi ignorée, alors qu’ils ont pourtant prouvé leur efficacité pendant la pandémie. Plusieurs outils existants auraient pu facilement se greffer au DSN, disent-ils.

Des plateformes comme Clic Santé, qui permet de prendre des rendez-vous en ligne avec des infirmières ou des pharmaciens, pourraient être élargies dans le cadre du DSN pour inclure les médecins, plaide Stéphane Lajoie, PDG de Clic Santé.

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Un sondage commandé par l’entreprise démontre que parmi les utilisateurs, le taux de satisfaction est de 88,6% (voir encadré).

«Ils ont développé l’habitude d’aller sur Clic Santé parce que la plateforme est efficace. Elle pourrait aisément inclure les médecins et permettre au réseau de réaliser des économies importantes tout en misant sur une solution locale», plaide M. Lajoie.

L’exclusion d’entreprises québécoises est d’autant plus frustrante, car plusieurs ont joué un rôle clé dans l’élargissement de Rendez-vous santé Québec et la mise en place du Guichet d’accès à la première ligne (GAP).

Une prise de conscience politique?

Pour Stéphane Garneau, président de MicroLogic, une prise de conscience collective est en cours au Québec quant aux risques d’hyperdépendance aux solutions américaines.

«Peu importe l’évolution des choses dans nos relations commerciales avec les États-Unis, je pense que le vent est en train de tourner [...] La souveraineté numérique et les risques d’hyperdépendance ont été exposés comme jamais», affirme-t-il, assurant que le Québec détient l’expertise et les infrastructures nécessaires pour répondre aux mandats.

«C’est le cas dans le secteur de la santé, où nous croyons important de s’assurer que la majeure part des données soient protégées par des experts locaux et soumises à nos lois.»

Malgré la signature du contrat avec Epic Systems, ces entrepreneurs estiment qu’il reste encore une marge de manœuvre pour intégrer des solutions québécoises à la transformation numérique du réseau de santé.

Santé Québec n’a pas tenu à répondre à nos questions, nous référant au cabinet du ministre de la Santé Christian Dubé.

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«Considérant le sursis de 30 jours annoncé, nous continuerons de suivre l’évolution de la menace de tarifs de près», a simplement répondu l’attaché de presse du ministre, Audrey Noiseux.

LES QUÉBÉCOIS ONT ADOPTÉ CLIC SANTÉ

Menacé d’être mis de côté par le gouvernement du Québec, Clic Santé a commandé un sondage de la firme Segma Recherche pour connaître la perception des Québécois de ses services. Ce dernier démontre que l’outil popularisé durant la pandémie est largement apprécié des citoyens. Selon les résultats, le taux de satisfaction des utilisateurs de la plateforme est de 88,6%. Ceux qui sont insatisfaits représentent 10,5% et mentionnent avoir de la difficulté à obtenir un rendez-vous en raison du manque de disponibilités sur la plateforme.

• 72,4% des Québécois connaissent Clic Santé et l’ont déjà utilisé;

• 55,6% des répondants utilisent la plateforme de 2 à 11 fois par année;

• 89% d’entre eux utilisent Clic Santé pour leurs propres rendez-vous;

• 28% aussi pour les rendez-vous de leurs enfants ou de leur famille.

Pourquoi les gens utilisent-ils Clic Santé?

• 58,3% pour la vaccination contre la COVID-19;

• 58,2% pour les prélèvements et/ou les prises de sang;

• 43% pour la vaccination contre la grippe;

• 29,6% pour des consultations avec un professionnel de la santé.

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