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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Dormir mieux pour vivre mieux... au moins 8 heures par nuit : les conseils pratiques du Dr Steven Laureys

Le Dr Steven Laureys est une sommité mondiale en neurologie et travaille au centre de recherches CERVO de l'Université Laval. Il est également professeur invité à l'Université Harvard.
Le Dr Steven Laureys est une sommité mondiale en neurologie et travaille au centre de recherches CERVO de l'Université Laval. Il est également professeur invité à l'Université Harvard. Photo fournie par CHU Liège
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2023-04-06T00:15:00Z
2023-04-06T00:17:37Z
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Neurologue mondialement connu pour ses recherches sur la conscience et sur les perceptions, les pensées et les émotions, le Dr Steven Laureys étudie depuis plusieurs années le cerveau pendant le sommeil, à l’aide de la neuro-imagerie. Dans son nouveau livre, Le sommeil, c’est bon pour le cerveau, il explique à quel point dormir est important pour notre cerveau et notre santé. Il donne aussi des pistes pour savoir quoi faire en cas de fatigue, de ronflements, d’apnée du sommeil, de difficultés d’endormissement, de somnambulisme et même de cauchemars.

Dans ce nouveau livre destiné au grand public, le Dr Steven Laureys fournit beaucoup d’explications sur le sommeil et sur l’importance de bien dormir. 

« C’est un sujet important et en même temps, encore trop négligé, dit-il en entrevue. Il y a beaucoup de Québécois qui ont des troubles du sommeil. Il y en a encore trop qui prennent des somnifères. D’autres pensent que ça ne sert à rien et que c’est une perte de temps ! »

Pourtant, comme il l’explique dans le livre, le Dr Steven Laureys rappelle qu’il se passe beaucoup de choses dans notre cerveau pendant notre sommeil. 

« Il n’y a presque pas une cellule qui n’est pas affectée. Au niveau du cerveau, c’est peut-être en premier lieu l’autonettoyage. Le système glymphatique, c’est un détox naturel, efficace, gratuit. On va éliminer les protéines toxiques qui s’accumulent pendant la journée. C’est une protection contre la maladie neurodégénérative comme la démence, le Parkinson. On a démontré dans une série d’études qu’il y a un risque augmenté si on n’a pas un sommeil suffisant ou de qualité suffisante pour ces maladies. »

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Le sommeil a aussi un impact sur les facteurs de risque cardio-vasculaires. « On sait que ça donne un stress, l’insomnie. »

Le sommeil a aussi un effet sur la mémoire et l’apprentissage, que ce soit pour apprendre comment faire quelque chose, comme du snowboard (la mémoire procédurale) ou pour consolider des apprentissages (la mémoire explicite). 

Photo fournie par Éditions Odile Jacob
Photo fournie par Éditions Odile Jacob

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« Ce sont les mêmes réseaux neuronaux qui se réactivent. »

Le sommeil a également un impact sur la stabilité émotionnelle. 

« Le sommeil paradoxal, le rêve, c’est extra-ordinaire. C’est vraiment un monde virtuel où on peut vivre une série de scénarios, et c’est important pour le développement de soi. À l’inverse, ça donne de l’anxiété, de la dépression, le burnout, jusqu’au suicide. »

Cette spirale négative est très réelle, ajoute-t-il. « Si je ne dors pas bien, je deviens plus anxieux et je dors encore moins bien. »

L’impact du sommeil sur le système immunitaire a également été documenté avec la Covid. « Quand on a reçu le vaccin et qu’on dort bien, on va faire plus d’anticorps. »

Dormir pour notre bien-être 

Le sommeil est donc relié à beaucoup de choses qui sont importantes pour notre bien-être mental, physique, immunitaire. 

« Il faudrait en faire notre meilleur ami ! », conseille le Dr Laureys.

« C’est tout un monde à part où c’est très dynamique. On a l’impression qu’on perd conscience et qu’on se réveille et que c’était une perte de temps... Non. Il y a vraiment pour l’ensemble du corps beaucoup de processus qui sont nécessaires à la vie. Si on ne dort pas, on meurt. »

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Sept à huit heures 

Le Dr Laureys recommande sept à huit heures de sommeil par nuit. 

« C’est la moyenne. Mais si le matin, on se réveille et qu’on est en pleine forme, c’est l’indicateur. Il n’y a pas que la durée : si le sommeil est interrompu, huit heures, [ça] peut ne pas être restaurateur, parce que, par exemple, on a des apnées de sommeil, des ronflements, des jambes sans repos. »

La durée est un indicateur, mais le spécialiste rappelle qu’il est important de faire un petit test, le matin, pour vérifier si on s’endort pendant la première réunion et si on boit beaucoup de café.

  • Le Dr Steven Laureys est neurologue et directeur de recherche FNRS. Il dirige le Centre du cerveau2 au CHU de Liège, en Belgique, et l’unité de recherches GIGA Consciousness et Coma Science Group de l’Université de Liège.
  • Il est connu pour ses travaux sur la conscience des patients cérébrolésés.
  • Il a publié Un si brillant cerveau, Méditer, c’est bon pour le cerveau et Cerveaugraphie, des ouvrages qui ont eu beaucoup de succès.
  • Il travaille depuis le début 2022 au Centre de recherche CERVO de l’Université Laval à Québec où il monte un labo.
  • Il est disponible pour présenter des conférences sur le bien-être.

EXTRAIT

« Il ne faut pas chercher très loin la raison pour laquelle tant de gens sont fatigués le matin : ils n’ont tout simplement pas assez dormi. La charge de travail et les horaires variables en sont deux principales causes. Régler encore “deux ou trois choses” le soir, répondre rapidement à un mail du patron avant d’aller dormir et travailler en horaires décalés ne favorisent pas le sommeil.

La lumière artificielle omniprésente n’a pas été bénéfique non plus à nos habitudes de sommeil puisqu’elle nous permet de continuer de travailler quand il fait noir. Notre biorythme n’est plus calqué sur le lever et le coucher du soleil, et l’éclairage électrique a complètement chamboulé notre horloge interne. »

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