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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

D’origine palestinienne, elle veut faire l’indépendance du Québec: «J'ai deux nations, pas de pays», dit Ruba Ghazal

Ruba Ghazal est candidate au poste de co-porte-parole de Québec solidaire.
Ruba Ghazal est candidate au poste de co-porte-parole de Québec solidaire. Photo Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Patrick Bellerose

Patrick Bellerose

2023-10-21T04:05:00Z
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La survie du français en Amérique passe par l’immigration, croit la députée Ruba Ghazal. Elle-même d’origine palestinienne, la candidate à la succession de Manon Massé souhaite que Québec solidaire reprenne le flambeau de l’indépendance, trop souvent associé à un «nationalisme de conservation».  

• À lire aussi: Pour une porte-parole issue de la diversité à Québec solidaire

«La survie de la nation ne passera plus par la revanche des berceaux. Elle va passer par les immigrants et les enfants de la loi 101. C'est comme ça qu'on va assurer la protection du français en Amérique du Nord et au Québec particulièrement», déclare Ruba Ghazal en entrevue avec notre Bureau parlementaire. 

Tout comme Christine Labrie et Émilise Lessard-Therrien, la députée de Mercier est candidate au poste de co-porte-parole, afin de défendre les idées de QS aux côtés de Gabriel Nadeau-Dubois. 

Si les trois candidates se disent indépendantistes, Ruba Ghazal en a fait sa «priorité», dans un parti où la cause souverainiste passe généralement après l’environnement et la justice sociale.  

Depuis la crise des accommodements raisonnables, en 2007, le mouvement nationaliste a vécu une «cassure» pour les néo-Québécois, déplore Ruba Ghazal. 

«On n’était plus gêné de casser du sucre sur le dos des immigrants. C’est là que ça a commencé», dit-elle. 

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Ruba Ghazal dans l'appartement de sa grand-mère au Liban, en 2003.
Ruba Ghazal dans l'appartement de sa grand-mère au Liban, en 2003. Photo fournie par Ruba Ghazal

La députée solidaire y voit un «nationalisme de conservation», plutôt qu’une approche «civique» et inclusive qu’elle associe aux premières années du mouvement souverainiste. 

Victime de la guerre

Arrivée au Québec à l’âge de 10 ans, Ruba Ghazal est née de parents palestiniens installés aux Émirats arabes unis. En 1948, sa grand-mère, alors âgée de 16 ans, avait dû fuir la Palestine lors de la création d’Israël. 

L’appartement de cette même grand-mère, au Liban, a ensuite été détruit par des frappes israéliennes en 2006. 

L'appartement de la grand-mère de Ruba Ghazal, au Liban, en 2003.
L'appartement de la grand-mère de Ruba Ghazal, au Liban, en 2003. Photo fournie par Ruba Ghazal

L'appartement de la grand-mère de Ruba Ghazal, au Liban, après les bombardements israéliens, en 2006.
L'appartement de la grand-mère de Ruba Ghazal, au Liban, après les bombardements israéliens, en 2006. Photo fournie par Ruba Ghazal

Ce passé d’apatride inspire aujourd’hui la députée dans son engagement souverainiste. Elle-même s’est rapidement sentie plus québécoise que canadienne. «J'ai deux nations, pas de pays», dit-elle. 

«Chez les Palestiniens, ça devient naturel de vouloir devenir un pays. Je veux dire ce n’est même pas une question. Pourquoi ce n’est pas la même chose au Québec?», lance-t-elle, tout en prenant soin de préciser que «le Canada n’est pas Israël». 

Question stratégique

Miser sur l’indépendance est également un moyen pour Québec solidaire de sortir du marasme qui le fait plafonner à douze députés. «Si on continue de faire ce qu'on fait, on va continuer à stagner», estime Mme Ghazal.

«Je suis convaincue que c'est une question stratégique pour Québec solidaire. Si on veut avoir des appuis partout au Québec, notamment en région, il va falloir mettre de l'avant le nationalisme. Sinon, j'ai des doutes qu'on puisse percer en région», explique-t-elle. 

«On n'en a pas parlé en 2022», estime la députée solidaire. 

Bloc ou NPD ?

Au printemps dernier, le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, avait reproché à Mme Ghazal de voter pour le NPD sur la scène fédérale, un parti fédéraliste et centralisateur. 

Aujourd’hui, celle-ci se dit «indifférente» aux partis sur la scène fédérale, puisque la souveraineté ne se réalisera pas à Ottawa. «Je pense que, la prochaine fois, je vais annuler mon vote au fédéral», déclare-t-elle. 

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