Donner ses tissus: le cadeau d’une vie
Johanne Tellier, veuve d'Alain Després, donneur de tissus humains
Le 16 juin 2023, à 10h du matin, mon mari adoré rendait son dernier souffle. L’homme avec qui j’avais partagé les 43 dernières années de ma vie et élevé deux magnifiques enfants souffrait d’un cancer de grade 4 depuis trop longtemps. Nous avons passé les dernières semaines de sa vie à revoir notre parcours commun, mais surtout à parler de nos enfants, de notre famille, de nos liens et de la valeur de ce que nous avions bâti et de ce que mon mari voulait laisser derrière lui. Nous en étions à l’heure du legs.
Ainsi, lorsque la médecin a parlé à Alain de la possibilité de faire don de ses tissus à Héma-Québec après son décès, mon mari a répondu sans hésiter: «Prenez tout ce qui est bon!» Alain était un homme généreux. Il était touché d’apprendre ainsi que ses os, ses tendons, ses cornées, ses valves cardiaques ou même sa peau pouvaient être greffés à d’autres personnes pour améliorer leur vie ou même permettre leur survie, si ses tissus s’avéraient sains.
La semaine du 20 au 26 avril 2025 marque la Semaine nationale du don d’organes et de tissus. Pour ma famille, cette semaine n’est pas une date anodine sur le calendrier. Elle résonne comme un écho à notre histoire.
Changer des vies
J’ai perdu mon mari, mon fils et ma fille ont perdu leur père et ma petite-fille, son grand-père. Son rire, sa voix, sa présence nous manquent chaque jour. Le vide est immense, mais au cœur de cette absence, une lueur persiste. Il avait choisi, en toute conscience, d’être donneur de tissus humains. Grâce à lui, une personne peut voir le monde à nouveau, une autre peut marcher sans douleur, d’autres encore peuvent simplement vivre mieux.
Saviez-vous qu’un seul donneur de tissus humains peut aider jusqu’à 20 personnes? Le don de tissus est possible jusqu’à 24 heures après le décès et peut bénéficier à un nombre incroyable de patients. Des grands brûlés, des enfants atteints de malformations cardiaques, des personnes vivant avec de terribles douleurs articulaires. Autant de vies changées par un simple «oui» prononcé de son vivant.
Il est ainsi possible de permettre des centaines d’interventions médicales qui ne pourraient avoir lieu autrement, faute de tissus disponibles. Des greffes annulées. Des patients laissés dans l’attente. Des souffrances prolongées.
Respect assuré
Dans les derniers jours d’une vie ou au moment du décès, tout se bouscule dans un chaos d’émotions et ce genre de décision peut devenir extrêmement difficile à prendre. Grâce à Héma-Québec, nous étions rassurés: nous savions que l’intégrité du corps d’Alain serait respectée et que si nous avions tenu à une exposition de son corps dans nos rites funéraires – ce que nous n’avons pas fait – rien n’y aurait paru. Aussi, la délicatesse des intervenants est venue ajouter un baume de douceur dans ces moments difficiles. Que de gentillesse et de bienveillance!
Si nous partageons notre histoire aujourd’hui, c’est pour que d’autres familles puissent, comme nous, trouver un sens dans l’épreuve. Nous vous invitons à poser un geste simple, mais essentiel: parlez-en de votre vivant et dites «oui» au don de tissus en exprimant votre volonté, en répétant annuellement ce désir à vos proches et en signant votre carte.
Parce que chaque don compte, décidez aujourd’hui de prolonger ce fil de la vie.

Johanne Tellier, veuve d’Alain Després, donneur de tissus humains