Donner la vie à notre mort, un geste d’amour et d’espoir!


Maria Mourani
Du 20 au 26 avril se déroule la Semaine nationale du don d'organes et de tissus. À cette occasion, Transplant Québec a dévoilé un sondage sur la perception du don d’organes au sein de cinq communautés.
Pour résumer les résultats: près de 80% des participants (au sondage) des communautés autochtone et latino-américaine disent vouloir faire don de leurs organes, tandis qu’ils sont 41% dans la communauté noire et environ 50% dans les communautés moyen-orientale et maghrébine.
Les croyances religieuses
Le manque d’information sur le processus du don d’organes et les croyances religieuses seraient, selon Transplant Québec, des facteurs ayant une influence sur la décision de participer au programme de dons.
Concernant le manque d’information, je partage cette analyse. Quoi de plus épeurant que l'inconnu? Une peur qui se nourrit d'ailleurs de la désinformation.
Toutefois, le facteur «croyances religieuses» semble découler d’une interprétation erronée des données.
Voici ce qu'en dit le communiqué de Transplant Québec: «Une part importante des croyants, en particulier les chrétiens et les musulmans issus de ces communautés, affirment qu'ils ne donneraient pas leurs organes, ce qui laisse entrevoir une influence des convictions religieuses.»
Laisse entrevoir! Vraiment!
Je suis toujours sidérée par ce genre d’analyse qui ne tient pas compte de la complexité des faits sociaux, mais qui peuvent contribuer à créer des stéréotypes et des préjugés.
Je ne vous dis pas que les croyances religieuses n’influencent pas notre vision du monde.
Je vous dis seulement qu’un chrétien ou un musulman est bien plus que sa religion.
Sa vision du monde est teintée, certes, par ses croyances religieuses (et à différents degrés), mais également par celles de sa génération, de sa famille, de ses expériences, etc. Elle l’est également par ses traditions, ses coutumes, ses traumas, et j’en passe.
Un plus un est égal à trois. Ainsi va l’humain.
Histoire de vie
Mon père est décédé à la suite d’une longue maladie des reins. Il a eu une transplantation avant notre venue au Québec.
Après quelques années de répit (grâce à la greffe), il a vécu sous dialyse, puis sous hémodialyse. Je le voyais accrocher à ce fil relié à cette poche de liquide, puis à cette machine qui purifiait son sang.
Une chaîne, presque invisible. Elle faisait partie de sa vie.
À son âge, il ne pouvait plus espérer avoir une autre greffe. Ainsi va la vie.
Bien que je fasse partie de cette catégorie de personnes originaires du Moyen-Orient, de confession chrétienne et nées en Afrique de l’Ouest, le don d’organe a toujours été une normalité dans mon esprit, et ce, bien avant la greffe de mon père.
Tout cela pour vous dire qu’au-delà des statistiques et de ce que l’on fait dire à des chiffres, l’humain est bien plus complexe qu’une série de catégories.
Avoir une approche de la complexité permet de mieux cibler les messages dans une campagne d’information afin de faire taire les peurs et d'optimiser l’adhésion.