Donald Trump politise tout, c’est au tour de l’armée

Luc Laliberté
Qu’on considère que l’administration Trump procède à la destruction du système américain ou qu’il en propose une spectaculaire refonte, ce qui se passe présentement n’a pas d’équivalent dans l’histoire des États-Unis.
En séparant les pouvoirs dans la Constitution, les Pères fondateurs ont ajouté une multitude de contre-pouvoirs.
Au-delà de sa tentative pour éliminer ces contre-pouvoirs, Trump s’emploie également à politiser des fonctions qui ne l’étaient que très peu ou pas du tout.
La justice, la fonction publique et les services de renseignements.
Quand on observe bien les nominations du 47e président à des postes stratégiques ou qu’on analyse les coupures brutales, souvent effectuées sans analyse fine, on dénote une tendance.
Donald Trump élimine des responsables dont le rôle n’était pas partisan (les inspecteurs généraux dans les services gouvernementaux) pour s’entourer de godillots, de flagorneurs et de lèche-bottes.
Pas besoin d’expérience ou de qualifications, s’agenouiller et baiser la main du parrain suffit.
Les cas les plus choquants, tellement les ficelles sont apparentes, sont Tulsi Gabbard (renseignements) et Kash Patel (FBI).
Dans le dernier cas, la politisation ne saurait être plus évidente. Qu’un directeur soit nommé par un démocrate ou un républicain, il est généralement en poste pour dix ans. La logique étant de le soustraire au jeu partisan.
Avec Patel, Trump en est déjà à son troisième directeur du FBI. Il a retenu un incompétent doublé d’un complotiste parce que celui-ci a promis une vengeance.
Pas contre des ennemis intérieurs des États-Unis, contre ceux qui, avec raison, ont enquêté sur les histoires compromettantes de Donald Trump.
L’armée n’y échappe pas
C’est troublant que le président veuille ainsi placer tout ce beau monde sous sa botte, mais ça devient franchement inquiétant quand il agit ainsi avec les forces armées.
Faut-il rappeler que celles-ci servent d’abord la Constitution, le peuple, avant le président?
Donald Trump a d’abord procédé à la plus mauvaise nomination de l’histoire, confiant la Défense à Pete Hegseth.
Alors qu'il a été tassé de la garde nationale en raison de sa proximité avec les suprémacistes blancs et l’extrême droite (une plaie dans les forces américaines), ce n’est pas lui qui va s’opposer à la purge à laquelle on assiste une fois de plus.
Plutôt que de s’en prendre au problème réel et documenté de l’extrême droite, on vire des dirigeants qualifiés et expérimentés, dont la feuille de route devrait susciter l’admiration.
Les exemples sont légion, mais le sort réservé à deux membres des chefs d’état-major, les conseillers militaires du président, aurait dû se retrouver en première page des journaux.
En poste depuis peu, le général quatre étoiles Charles Q. Brown et l’amirale Lisa Franchetti ont été dégommés sans ménagement. Bien qu'ils soient impartiaux et hautement qualifiés, on leur a préféré des proches du président dont les états de service sont moins brillants.
Non seulement on affaiblit l’armée en agissant ainsi, mais on laisse plus de marge de manœuvre à ses éléments les plus nocifs.