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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Donald Trump et les camps de concentration: évocation de douloureux souvenirs

AFP
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Photo portrait de Luc Laliberté

Luc Laliberté

2025-04-16T15:30:00Z
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Un certain nombre d’entre vous semblent intéressés par le fait que le président américain expulse des migrants dans une prison salvadorienne sans respecter toutes les procédures légales. Il évoquait mardi la possibilité d’y envoyer des criminels américains.

À ce sujet, l’un d’entre vous m’a proposé une réflexion intéressante. Considérant l’utilisation qu’il fait de cette prison, peut-on la comparer à un camp de concentration?

Comparaison exagérée?

Le sens des mots

En lisant le titre, vous avez probablement pensé aux horreurs du régime nazi. Il est possible que certains d’entre vous aient d’ailleurs confondu les expressions camp de concentration et centre d’extermination.

Dans le second cas, il s’agit bien de ces «camps de la mort» dont la seule raison d’être était l’élimination.

Pour les camps de concentration, ils étaient, dans leur utilisation et au plan légal, bien différents. La Fondation Auschwitz nous rappelle qu’on les utilisait pour sortir de la société les indésirables, des dissidents idéologiques ou politiques.

Ceux qui s’y retrouvaient ne passaient pas par les tribunaux, le danger potentiel qu’ils représentaient justifiant une procédure extrajudiciaire.

Pas de crimes ou de procédures, il suffisait d’être dans le mauvais groupe.

Dans le cas de l’Allemagne nazie, ces camps ont également été utilisés pour briser la résistance des détenus et exploiter leur force de travail.

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Un climat de terreur y régnait. Le traitement brutal, le retrait des vêtements et un rasage intégral constituaient l’essentiel d’une stratégie de déstabilisation des détenus.

Les États-Unis et le Salvador

Si l’interrogation de mon lecteur m’a d’abord étonné, je me suis par la suite souvenu d’un texte du magazine de vulgarisation politique Scientific American.

Déjà en juillet 2024, on y évoquait des liens entre la rhétorique de Trump, ses projets d’expulsion ou de déportation et les événements tragiques de la Deuxième Guerre mondiale dans un régime autoritaire.

Si vous relisez ce que j’écris plus haut, la comparaison entre la prison du Salvador et les camps de concentration ne semble plus si exagérée.

Pour que les installations salvadoriennes utilisées par Donald Trump puissent être qualifiées de prison, il faudrait qu’il y ait eu procès, jugement et condamnation.

Or, l’administration Trump défie ici les tribunaux, incluant un jugement de la Cour suprême.

J’ajouterais que les détenus devraient conserver des droits fondamentaux, ce qui n’est pas le cas. On les traite plutôt de manière déshumanisante.

Même lorsque l’administration commet une erreur et envoie au Salvador un innocent, elle prétend ensuite qu’il lui est impossible de la corriger.

Qu’est-ce qui l’empêche désormais de déporter qui elle veut?

Je résiste depuis longtemps à utiliser un vocabulaire qui me semblait excessif. Je n’ai pas comparé Trump à Hitler, je n’ai pas parlé de régime autoritaire, encore moins de fascisme.

Je dois cependant avouer que mon lecteur force la réflexion et que ce qu’on retrouve au Salvador peut difficilement être qualifié de prison.

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