Donald Trump est une véritable bombe à fragmentation


Josée Legault
Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche est une véritable bombe à fragmentation. Dans l’ordre mondial, sur les plans politique, économique et diplomatique, les dommages collatéraux s’annoncent nombreux et complexes à contrer.
Avec ses menaces de tarifs douaniers usuraires et son radotage lancinant sur le 51e État américain, pour le moment, son voisin canadien est son principal souffre-douleur.
Malgré les rugissements du président Trump, le premier ministre Justin Trudeau, en échange de quelques concessions, a néanmoins réussi à le faire reculer sur les tarifs pour «au moins 30 jours». Bref, c’est partie remise.
Le premier pot cassé par la «recette» Trump est d’endommager considérablement la relation canado-américaine. Jusqu’à son assermentation, les deux pays étaient pourtant des alliés quasi inconditionnels.
Au Canada, la rupture du lien de confiance envers les États-Unis est majeure. Cela laissera des traces pour longtemps. La méfiance et éventuellement la défiance si Trump pousse trop l’enveloppe seront désormais de mise.
Poussé dans les câbles, le Canada n’a plus le choix. Ses gouvernements devront diversifier enfin leurs marchés et libéraliser les échanges interprovinciaux. Sinon, le Canada finira Gros-Jean comme devant.
Mur de Chine
Sur le plan social, c’est carrément d’un mur de Chine, sans jeu de mots, dont le pays aura besoin. Comment s’assurer que la détermination de Donald Trump à s’en prendre aux droits des femmes, des minorités, des réfugiés et des immigrants, ne traverse pas la frontière?
Sous Justin Trudeau ou Mark Carney, son successeur évident, ce risque est à zéro. Mais qu’en serait-il sous le chef conservateur Pierre Poilievre s’il devenait premier ministre dans quelques mois?
Issu de la droite dure, ses sorties récentes à la Trump, niant l’existence des personnes transgenres, sont peu rassurantes.
Devant les menaces du président, même s’il vient de tronquer ses slogans anti-Trudeau et anti-Carney pour celui de «Canada First», l’incapacité avérée de Pierre Poilievre à faire passer l’intérêt national avant son intérêt partisan, sauf à de très rares moments, inquiète aussi.
Flèches empoisonnées
Idem quand il se fait le haut-parleur de Donald Trump en accusant le Canada d’avoir mal géré ses frontières, d’avoir des impôts trop élevés, etc. Pour la solidarité transpartisane en temps de crise, prière de regarder ailleurs.
Pour un possible futur premier ministre, cela n’augure rien de bon. Sans compter qu’en 2026, la première révision obligatoire de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) aura également lieu.
De fait, aucun élu, au Canada ou au Québec, ne devrait approuver les flèches empoisonnées lancées par l’intimidateur manipulateur qu’est Trump.
Parce qu’il est un président autoritaire et instable pour qui la peur est une arme de négociation, aucun motif partisan ne saurait justifier que des élus lui donnent raison.
Donald Trump a décidé lui-même de traiter le Canada en adversaire qu’il voudrait dompter et appauvrir. Ce qui, jusqu’à nouvel ordre, inclut le Québec.
Les élus d’ici, tous paliers confondus, seraient donc sages de se gouverner en conséquence.
C’est pourquoi, à moins d’être un trumpiste de placard, aucun élu canadien ou québécois ne devrait se prendre pour le perroquet du président américain.