Donald Trump essaye-t-il de mettre en place un régime autoritaire aux États-Unis?


Gabriel Ouimet
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump semble déterminé à étendre ses pouvoirs présidentiels. Voici quatre mesures qui soulèvent la question à savoir si le nouveau président essaye d’installer un régime autoritaire aux États-Unis.
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1- Une attaque directe contre la Constitution
À la lumière des premières semaines du deuxième mandat de Donald Trump, une chose paraît claire: il n’hésitera pas à contourner la Constitution américaine pour arriver à ses fins.
«Il y a plusieurs choses inquiétantes en ce sens», lance le directeur adjoint de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’UQAM, Christophe Cloutier-Roy.
«Ce qui me frappe particulièrement, c’est le décret visant à abolir le droit du sol et la citoyenneté. C’est une attaque directe contre la Constitution», souligne le chercheur.
Le décret devait interdire au gouvernement fédéral de délivrer des passeports, des certificats de citoyenneté ou d'autres documents aux enfants nés aux États-Unis dont les parents ne sont pas citoyens américains ou résidents permanents.
La Constitution américaine stipule pourtant que «toutes les personnes nées ou naturalisées aux États-Unis, et soumises à leur juridiction, sont citoyens des États-Unis et de l’État dans lequel elles résident».
Le décret signé par Donald Trump, que des juges fédéraux ont qualifié d’«inconstitutionnel», a ainsi été suspendu le 23 janvier.
2- Une purge au sein des inspecteurs chargés de surveiller le gouvernement
Dans la nuit du 24 au 25 janvier, Donald Trump a congédié, sans préavis, une quinzaine d’inspecteurs généraux indépendants.
Ces professionnels étaient notamment chargés d’identifier les fraudes, le gaspillage de fonds et les abus au sein de diverses agences gouvernementales.
Cette purge sans précédent pourrait permettre au président républicain d'installer des gens qui lui sont fidèles dans ces rôles d’une importance cruciale.
Ces licenciements paraissent toutefois illégaux. La loi fédérale exige effectivement que le Congrès reçoive un préavis de 30 jours pour toute intention de licencier un inspecteur général confirmé par le Sénat, ce qui n'a pas été fait.
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3- Des représailles contre des agents du FBI
Au moins huit hauts fonctionnaires du FBI ont reçu l’ordre de démissionner par le ministère de la Justice après le retour au pouvoir de Donald Trump.
Ces employés étaient notamment responsables du renseignement, de la sécurité nationale, des cyberenquêtes et de la branche scientifique et technologique du bureau.

L’équipe du président a aussi demandé d’obtenir les dossiers de milliers d’employés qui ont travaillé sur des enquêtes liées à l’émeute du Capitole, survenue le 6 janvier 2021.
Une procédure judiciaire a été lancée mardi par neuf agents du FBI pour empêcher le département de la Justice de collecter ces informations. Ces fonctionnaires dénoncent une «purge» orchestrée par le président en guise de «représailles».
4- Des pouvoirs accordés à Elon Musk
«Elon Musk n’a pas été élu, il n’a pas été confirmé par le Congrès. Il dicte malgré tout l’agenda de l’administration avec la seule bénédiction de Donald Trump. C’est troublant», affirme Christophe Cloutier-Roy.
Le chercheur fait référence au «Département de l’efficacité gouvernementale» (DOGE), que dirige le patron de Tesla et Space X à la demande du président.

Contrairement à ce que son titre peut insinuer, le DOGE n’est pas un ministère fédéral au même titre que les départements du Trésor, de la Défense ou de l'Éducation. Le DOGE est plutôt un organisme de conseil externe placé sous l’autorité directe de Donald Trump. Il doit d’ailleurs cesser d’exister le 4 juillet 2026.
Malgré ce statut particulier, Elon Musk est parvenu à créer dans les deux dernières semaines, avec l’assentiment du président Trump, une structure de pouvoir alternative au sein même du gouvernement fédéral.
- L'homme le plus riche du monde a, par exemple, obtenu l'accès aux systèmes de paiement du département du Trésor, qui sont responsables du traitement de milliers de milliards de dollars de dépenses chaque année.
- Il a aussi entamé la fermeture de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), une organisation qui gère des milliards de dollars d’aide étrangère dans le monde et qui emploie 10 000 travailleurs.
- L’équipe d’Elon Musk s’apprêterait également à supprimer le département de l’Éducation, selon divers médias.
Puisque toutes ces actions sont prises sans l’approbation du Congrès, des experts s’attendent à ce que des actions légales soient prises pour limiter l'autorité du président.
«Il faudra garder un œil sur tout ça, parce que la Cour suprême, qui est à majorité conservatrice, est très complaisante à la cause de Donald Trump», rappelle Christophe Cloutier-Roy.