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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Donald Trump: c’est lui, le véritable agent du chaos

Photo Getty Images / AFP
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2024-12-18T05:00:00Z
2024-12-18T05:15:00Z
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Depuis la démission-choc de la ministre des Finances Chrystia Freeland, une crise politique majeure secoue le pays et ébranle durement le leadership de Justin Trudeau.

Cette crise, bien réelle, nous cache pourtant la forêt. La forêt, c’est Donald Trump. Le véritable agent du chaos actuel, c’est lui.

Égal à lui-même, Pierre Poilievre préfère traiter Justin Trudeau de «clown» et l’accuser de semer le «chaos». Nul doute que le premier ministre, en humiliant Mme Freeland par son offre de la rétrograder, est à blâmer.

Il n’en reste pas moins que la bougie d’allumage de la déstabilisation actuelle du Canada, c’est le futur président Donald Trump.

Depuis sa menace d’imposer au Canada des tarifs douaniers de 25% dès son retour à la Maison-Blanche le 20 janvier si Ottawa ne police pas la frontière au complet et bloque tout passage vers les États-Unis de drogues et d’immigrants illégaux, il s’amuse à faire tomber les dominos.

Sa méthode: ameuter la classe politique canadienne pour qu’elle fasse pression sur Justin Trudeau.

Son objectif: faire ramper le Canada comme un vassal.

Une double victoire

S’il réussit, devant ses électeurs, Trump pourra crier doublement victoire. De un, il pourra annuler ou diluer sa menace et épargner aux Américains d’avoir à payer trop cher pour de nombreux produits importés du Canada.

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De deux, il s’érigera en grand «justicier» qui, en faisant faire le sale boulot par le Canada, les aura débarrassés à la frontière de la «racaille» immigrante et des drogues transigeant par son voisin du Nord.

The Art of the Deal, n’est-ce pas?

D’ici là, il sème la pagaille au Canada et s’en amuse. La fédération étant une courtepointe complexe dotée en plus de premiers ministres aux intérêts partisans divergents, sa menace, il le sait, nourrit d’autant plus leur division.

Trudeau étant un canard boiteux, pour l’attaquer chez lui, Trump peut aussi compter sur M. Poilievre, son haut-parleur à Ottawa.

Trump souffle également le chaud et le froid sur Trudeau pour dominer et ridiculiser son «partenaire» de négociation. La version politique du contrôle coercitif.

Une journée, Trump, tout sourire, invite M. Trudeau à Mar-a-Lago avec son entourage et photos-souvenirs à l’appui. Le lendemain, son réseau ami Fox News rapporte sa «blague» faite à Trudeau selon laquelle l’annexion du Canada et sa nomination comme «gouverneur» seraient une excellente idée.

Le fiel de Trump

Dès après la démission de Mme Freeland et la publication de sa lettre assassine à Trudeau, Trump n’a pas boudé son plaisir non plus. Dans Truth Social, il s’est moqué vertement des deux:

«Le grand État du Canada est ébranlé parce que la ministre des Finances a démissionné ou a été congédiée par le gouverneur Justin Trudeau. Son comportement était totalement toxique et inapte à conclure de bons deals pour les très malheureux citoyens du Canada. On ne s’ennuiera pas d’elle.»

Il est vrai que M. Trudeau a raté le coche avec Mme Freeland et que son parti, avec ou sans lui, se dirige vers une défaite électorale cinglante.

Or, il est aussi vrai que face à Trump, il faut un gérant dans la boutique canadienne. Pour le moment, il se nomme Justin Trudeau.

La dure réalité est que le chaos soufflera plus fort encore de Washington dès le 20 janvier. Bref, l’horloge parle fort.

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