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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

La Fed maintient ses taux pour une 5e fois consécutive, malgré les appels de Donald Trump pour les baisser fortement

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AFP

2025-07-30T13:05:09Z
2025-07-30T18:50:11Z
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La banque centrale des États-Unis (Fed) a sans surprise laissé ses taux d'intérêt inchangés mercredi, pour la cinquième fois de suite, une décision marquée par la rare opposition de deux gouverneurs qui souhaitaient une baisse.

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Dans son communiqué, la Réserve fédérale remarque que la croissance américaine a «ralenti au premier semestre» 2025, mais que le marché du travail reste «solide», avec un taux de chômage «bas».

Comme dans un rituel, le président américain a appelé dans la matinée les banquiers centraux à abaisser les taux, juste après la publication des chiffres de la croissance pour le deuxième trimestre.

« 3%, BIEN MIEUX QU'ATTENDU ! » a-t-il salué, ajoutant que « "Trop Tard" (le surnom qu'il donne au patron de la Fed Jerome Powell, NDLR) “DOIT MAINTENANT BAISSER LES TAUX” pour faciliter l'accès au crédit immobilier.

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Une croissance soutenue n'incite en théorie pas une banque centrale à abaisser ses taux — elle le fait au contraire quand elle estime qu'il faut donner un coup de fouet à l'activité.

Les taux d'intérêt de la Fed — qui guident le coût du crédit et ont un fort impact sur les marchés — sont au même niveau depuis décembre.

Donald Trump a retrouvé la Maison-Blanche un mois plus tard et n'a jamais cessé de plaider pour des taux d'intérêt plus bas, de plus en plus lourdement.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Il traite désormais d' «abruti » Jerome Powell — qu'il a lui-même nommé à ce poste pendant son premier mandat —, appelle les autres banquiers centraux à le renverser, fait régulièrement mine de vouloir l'éjecter, et s'est même fendu la semaine dernière d'une visite surprise du chantier de rénovation du siège de la Fed à Washington, jugé trop coûteux.

L'épisode a donné lieu à une scène largement diffusée dans les médias: Donald Trump et Jerome Powell côte à côte, avec des casques de chantier.

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M. Powell fait non de la tête et chausse ses lunettes quand le chef de l’État lit un papier selon lequel les coûts des travaux ont grimpé à 3,1 milliards de dollars (au lieu de 2,7). Il corrige dans la foulée le président.

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Jerome Powell est censé présider la Fed jusqu'en mai 2026, mais il peut y rester comme gouverneur plus longtemps, jusqu'en janvier 2028. Or, Donald Trump convoite son siège pour y placer une personne plus proche de ses vues.

Rares dissensions en plein jour

La banque centrale des États-Unis a jusqu'ici repoussé l'idée d'une baisse des taux dans un contexte rendu incertain par l'offensive protectionniste mondiale de Donald Trump, qui pourrait faire grimper les prix.

Pour l'heure, l'inflation est restée contenue (à 2,3%, légèrement au-dessus de la cible de la Fed) et les répercussions sur le marché du travail limitées (avec un chômage à 4,1%). Des chiffres actualisés sont attendus jeudi et vendredi, soit après la réunion.

Celle-ci pourrait être marquée par la fin de l'unanimité affichée depuis janvier par le FOMC en matière de taux directeurs.

Un, voire deux votes contre le maintien des taux à leur niveau actuel sont possibles.

Le gouverneur Christopher Waller a fait savoir qu'il souhaitait une baisse de taux dès cette réunion. Sa collègue Michelle Bowman (aussi vice-présidente de la Fed chargée de la régulation bancaire) a également dit qu'elle penchait dans ce sens, même si moins fermement en apparence.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Marc Boilard, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«Cela arrive que des responsables de la Fed votent contre mais c'est assez rare», observe dans une note Matthew Ryan, analyste de Ebury, soulignant que Mme Bowman et M. Waller ont tous deux été nommés par Donald Trump pendant son premier mandat.

«La dernière fois que deux gouverneurs (et pas simplement des membres du comité ayant le droit de vote) se sont opposés à une décision au cours d'une même réunion remonte à il y a plus de 30 ans, en 1993», poursuit-il.

Pour Diane Swonk, économiste pour KPMG, «il n'est pas étonnant de voir des dissensions compte tenu de l'immense incertitude» économique. «Nous savons que la Fed aurait aimé abaisser les taux avant, et qu'elle ne l'a pas fait à cause des droits de douane», a-t-elle souligné auprès de l'AFP.

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