Donald Trump a gagné

Quoi qu’il arrive dans les prochains mois et les prochaines années, même s’il «fait patate» (pour reprendre l’expression utilisée par Mario Dumont) sur tous ses dossiers clés, l’économie, l’immigration, l’Ukraine et le Moyen-Orient, Trump aura remporté son pari. 

Pas rendre l’Amérique à sa grandeur passée, comme le clament son slogan et ses légendaires casquettes.

Mais changer – à jamais – le paysage politique de son pays.

Transformer la démocratie.

DEUX FOIS PLUTÔT QU’UNE

Grâce à – ou à cause de – Trump, les Américains pourront maintenant dire à leurs élus:

«Si vous ne nous écoutez pas, si vous persistez à ne rien voir, à ne rien faire et à refuser de vous attaquer à des sujets que nous trouvons essentiels, comme l’immigration illégale, la mondialisation qui ne profite qu’à une élite instruite et la désindustrialisation qui nous a poussés au chômage, nous allons envoyer à la Maison-Blanche un populiste qui, lui, nous écoutera.

«Nous l’avons déjà fait à deux reprises, et nous sommes prêts à le refaire une troisième fois – que ça soit avec Musk ou avec quelqu’un d’autre.»

Même si l’expérience Trump se concluait par un échec monumental sur les plans de l’économie et de l’influence des États-Unis sur la scène internationale, le message, quant à lui, perdurera.

Car pour reprendre l’expression du Canadien Marshall McLuhan, avec Trump, le médium est le message.

Ce n’est pas ce qu’a fait Trump ou ce qu’il fera qui changera à jamais les États-Unis.

C’est le fait qu’il a été élu président à deux reprises.

Ses deux élections auront prouvé au peuple que oui, c’est possible de passer par-dessus les partis traditionnels ou alors de les investir pour les détourner de leur programme originel et de les mettre à sa botte.

C’est ça, la grande réussite de Trump.

C’est ça, son triomphe et son legs.

Montrer qu’une autre voie est possible.

Pour le meilleur ou pour le pire.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

DE ALIEN À ALIENS

Il n’aura fallu que quelques années aux supporters de Trump pour prendre le contrôle du Parti républicain et le transformer de fond en comble jusqu’à le rendre méconnaissable.

Vous vous souvenez du film Alien, de Ridley Scott?

C’est ce qu’ils ont fait avec le GOP.

Ils ont envoyé leur créature pondre des œufs à l’intérieur du parti, et ils ont attendu.

Ils ont fait de cette formation bicentenaire une mère porteuse.

Un véhicule.

Un vaisseau destiné à prendre la Maison-Blanche d’assaut.

À la fin du présent (et dernier?) mandat de Trump, les démocrates reprendront fort probablement le pouvoir.

Mais leur célébration sera de courte durée.

Car tout comme Alien a donné naissance à Aliens, le sequel «pimpé» de James Cameron, Trump a donné naissance à une armée de petits Trump.

«Nous sommes légion», comme dit un démon dans l’Ancien Testament.

Nous avons prouvé que nous sommes capables de prendre le pouvoir.

Nous représentons maintenant une force qu’aucun élu, aucune formation ne pourra ignorer.

Vous ne pourrez plus vous débarrasser de nous.

Vous devrez nous écouter.

Trump n’aura peut-être pas sa face sur le mont Rushmore, comme il le souhaite.

Mais il aura plus.

Il aura réussi à graver son image au cœur même du système politique américain.