Don de sperme artisanal : un homme aurait conçu 50 bébés dans la région de Montréal
TVA Nouvelles
Le reportage de la journaliste Marie-Lise Mormina de l’émission J.E diffusée vendredi a permis de mettre en lumière les difficultés pour les femmes de trouver un donneur dans des conditions sécuritaires.
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Au fil de ses rencontres, la journaliste d’enquête a rencontré un donneur de sperme bien organisé, qui a son propre site internet.
L’homme que nous ne pouvons identifier s’est donné pour mission d’aider les femmes à procréer.
Selon ses dires, il aurait conçu 50 bébés dans la grande région de Montréal.
«Dieu m’a donné la capacité de me reproduire. Ma femme est partie avec un fonctionnaire. Qu’est-ce que je fais de mon corps? J’ai décidé de me rendre utile en servant les lesbiennes», explique l’homme filmé en caméra cachée. «J’honore ma capacité donnée par le bon Dieu de faire des enfants.»
Il propose soit de se rendre chez la femme, ou de la recevoir chez lui. Si les deux habitent à une trop grande distance, ils se rencontrent à mi-chemin.
«Je fais ça discrètement dans mon auto», précise-t-il. «Je le fais dans un petit ''cup'' en plastique, je mets ça dans une seringue. La fille elle rentre ça, puis c’est fini».
Il affirme ne pas demander d’argent pour sa semence, mais il se fait parfois proposer de se faire payer son déplacement.
«Quand moi je me déplace, parfois, elle me paie mon gaz. Quand elles ont déjà un enfant de moi, en général, presque toujours, je ne charge pas le gaz, sauf si la fille est super insistante pour payer le gaz. Mais ce n’est vraiment pas mon genre de charger le gaz quand elles ont déjà un enfant de moi», détaille-t-il.
«Il y a des frères et des sœurs?», questionne la journaliste. «Bin oui! J’en ai fait plus que 50!», répond le donneur.
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«Beaucoup d'inquiétudes»
Le don de sperme artisanal avec auto-insémination n’est pas encadré par Santé Canada, sauf si cette activité se déroule dans un établissement reconnu, comme un hôpital ou une clinique.
Le Dr William Bucket, directeur médical en fertilité au CUSM se charge de faire respecter le processus du don de sperme.
Il pousse un soupir de découragement lorsqu’on lui parle de ces hommes qui font des dons de sperme sur les réseaux sociaux.

«On a beaucoup d’inquiétudes pour ça. Ce n’est pas sécuritaire, et on ne connaît pas l’efficacité parce qu’on n’a pas examiné le sperme. Un gars qui dit qu’il a trois enfants... OK fine! Mais est-ce que son spermogramme, ou sa santé ont changé?», se demande-t-il.
Pour lui, l’homme qui aurait fait 50 enfants dans la région de Montréal est une situation problématique.
«On ne sait pas où ces enfants sont au Québec. [Avec le don légal] on établit où sont les résidences des donneurs. On ne peut pas faire 50 bébés [avec le sperme d’un même donneur dans une même région]. C’est pour ça qu’on a établi un registre de donneurs», conclut le Dr Bucket.