Doit-on craindre la domination des véhicules électriques chinois?
À moins d’un réveil majeur, l’industrie automobile nord-américaine est en danger


Mario Dumont
Le président du constructeur automobile Ford conduit depuis plusieurs mois maintenant un véhicule électrique chinois. Il a avoué à nouveau la semaine dernière dans un balado qu’il adore sa Xiaomi et qu’il ne voudrait plus s’en séparer.
L’histoire est anecdotique. On comprend que ce type est curieux, il voulait comprendre le phénomène des autos électriques de Chine. Quant à son évaluation positive du produit, j’y vois un mélange entre la sincérité et un cri d’alarme lancé aux compagnies américaines et européennes, dont la sienne.
Plus tôt cette semaine, le chroniqueur Gus Carlson, du Globe and Mail, posait carrément la question. «Est-ce que les fabricants occidentaux ont encore un avenir devant la montée des remarquables véhicules électriques chinois?» C’est une véritable question.
Tarifs protecteurs
Pour l’instant, tout le monde semble pris au dépourvu et la seule solution consiste à fermer la porte à l’entrée de cette compétition au pays. Évidemment, avec des droits de douane de 100%, oubliez l’arrivée prochaine des modèles de Chine sur notre marché. Mais entre-temps, le passage à l’électrique ralentit et les consommateurs se plaignent des prix.
La Chine domine sur à peu près tous les fronts. C’est tellement gros, nul besoin d’être un expert du Guide de l’auto pour constater l’évidence. Ils produisent des autos technologiquement avancées, avec des autonomies et des temps de recharge plus avantageux et, ma foi, un look séduisant dans plusieurs cas. Ils les mettent sur le marché pour 33% à 50% moins cher qu’un équivalent occidental.
C’est l’un des facteurs ayant anéanti les espoirs de Northvolt...
Évidemment, si l’on pose un regard idéologique sur le phénomène, on accusera les Chinois de concurrence illégale. Le prix aussi bas serait dû à un soutien illégitime du gouvernement communiste. Cette critique est probablement fondée et elle justifie les tarifs prohibitifs que nos gouvernements ont appliqués.
Tsunami en vue
Si l’on regarde le tout d’un œil un peu plus pratique, on imagine mal comment le meilleur véhicule au meilleur prix ne finira pas par triompher à l’échelle mondiale. J’ai l’impression qu’Américains et Européens tentent de stopper une inondation en empilant des sacs de sable. Mais l’eau continue à monter de tous les côtés... Les véhicules chinois arrivent comme un tsunami.
Déjà, les chiffres parlent. Il s’est vendu 17 millions de véhicules électriques dans le monde en 2024. De ce nombre, 11 millions provenaient du même pays: la Chine. Le seul concurrent sérieux non chinois dans l’électrique, c’est Tesla. Les ventes de Tesla ont grandement souffert de l’affiliation politique d’Elon Musk avec Trump. Et maintenant, la compagnie risque de souffrir de la guerre politique entre Musk et le peu démocratique président Trump.
À en juger par la façon de réagir en Amérique du Nord, les Ford, GM et autres sont en sérieux danger. Les employés faisaient la grève l’an dernier pour consolider les méthodes dépassées. Quant à Trump, il impose des tarifs sur l’automobile à ses alliés, inconscient de la vraie menace...