Documentaire: «Raël QC» donne un nouvel éclairage au mouvement raëlien au Québec

Frédérique De Simone
De tous les endroits dans le monde où s’est installé le mouvement raëlien, le Québec est celui où, proportionnellement à la population, il y a eu le plus d’adeptes. Et ça s’explique.
Au milieu des années 1970, le Québec a connu de grands bouleversements religieux, culturels, sociétaux et politiques: le terreau idéal pour y faire germer une nouvelle religion, a soulevé en entrevue avec l’Agence QMI Arnaud Bouquet, le réalisateur du documentaire Raël QC, accessible sur Vrai à compter de mardi.

«Mon flash initial c’était de me dire: “Mais comment ça s’explique? Qu’est-ce qui fait que quand Raël s’est installé ici, il y a eu un terreau propice pour ça au Québec?”» a-t-il exprimé.

Sans a priori et sans parti pris, le réalisateur retrace, dans son film de 90 minutes, le parcours subjuguant de Claude Vorilhon, alias Raël, de sa montée en flèche à son déclin. L’histoire est racontée par une dizaine d’anciens et d’actuels adeptes – dont la plupart ont accepté de parler sous le couvert de l’anonymat par crainte de représailles – et de nombreux spécialistes en la matière.
- Écoutez l'entrevue avec Arnaud Bouquet, réalisateur à l’émission de Sophie Durocher diffusée chaque jour en direct 15 h 15 via QUB radio :
Née d’un manque
Ce qui a commencé comme une «sympathique» religion parlant d’extraterrestres, souvent ridiculisée ou prise à la légère dans les médias, est tranquillement devenue le théâtre de viols, d’agressions sexuelles, dont sur des mineurs.
«La religion catholique, à la suite de la Révolution tranquille, a commencé à perdre de sa superbe et comme les gens étaient de culture chrétienne, il y avait un manque religieux. C’était aussi une grande période de libération (religieuse, sexuelle, de la femme), les mouvements indépendantistes n’étaient plus en coulisse et la culture extraterrestre avait énormément de succès, entre autres avec E.T. et Star Trek», a rappelé le réalisateur, précisant que la table était mise pour accueillir un tel mouvement qui prônait ces libertés.
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«C’était aussi l’époque du “New Age”, où d’un seul coup, on s’intéressait moins à la religion et plus à l’ésotérisme et à la spiritualité. Il y avait quelque chose de plus coloré et psychédélique dans les nouvelles religions et je pense qu’ici ça avait un certain succès dans la culture post-hippie, dont il restait des traces», a-t-il poursuivi, soulignant le charisme et le talent de Raël pour rassembler les adeptes et diffuser son message.
Avec un discours mystique, récupérant l’aspect scientifique et technologique, qui était à l’époque très en vogue depuis le premier voyage lunaire, Raël, qui s’autoproclamait le dernier prophète, a su profiter des remises en question sociétales, philosophiques et identitaires du moment.
La réticence des raëliens
En réalisant «Raël QC», Arnaud Bouquet a tenté à de nombreuses reprises de s’entretenir avec Raël et des porte-paroles du mouvement – ils seraient actuellement plus de 200 raëliens en activité. Chaque fois, ses tentatives ont échoué. «Les raisons qu’ils donnaient c’était le contentieux de longue date avec le groupe Québecor à la suite de l’infiltration du "Journal de Montréal" au début des années 2000. Ils ont depuis gardé une dent contre Québecor», a indiqué le réalisateur.
- Produit par St-Laurent TV, en collaboration avec Québecor Média, le documentaire Raël QC, s’installe sur Vrai ce mardi.