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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Dix ans après les attentats à Paris, «Charlie Hebdo» a toujours «envie de rire»

AFP
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2025-01-06T13:52:56Z
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«L'envie de rire ne disparaîtra jamais!» assure le journal satirique français Charlie Hebdo, 10 ans après l'attentat djihadiste qui a décimé une partie de sa rédaction, dans un numéro spécial s'attachant notamment à «rire de Dieu» à travers quelque 40 caricatures.

Dans ce numéro que l'AFP a pu trouver dès lundi en kiosque, l'hebdomadaire se dit «increvable», avec, en dessin sur la une, un lecteur assis sur un fusil d'assaut, lisant, ravi, ce Charlie «historique» de 32 pages.

«La satire possède une vertu qui nous a aidés à traverser ces années tragiques: l'optimisme. Si on a envie de rire, c'est qu'on a envie de vivre. Le rire, l'ironie, la caricature sont des manifestations d'optimisme. Quoi qu'il arrive de dramatique ou d'heureux, l'envie de rire ne disparaîtra jamais», souligne son directeur, Riss, dans l'édito qui revient sur les 10 dernières années marquées, selon lui, par une «situation géopolitique» qui s'est «aggravée».

«Aujourd'hui, les valeurs de Charlie Hebdo, comme l'humour, la satire, la liberté d'expression, l'écologie, la laïcité, le féminisme, pour ne citer que celles-ci, n'ont jamais été autant remises en cause [...] Peut-être parce que c'est la démocratie elle-même qui se trouve menacée par des forces obscurantistes renouvelées», affirme-t-il.

Le 7 janvier 2015, 12 personnes ont été tuées dans l'attaque menée par les frères Kouachi, deux Français qui avaient prêté allégeance à Al-Qaïda.

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Parmi elles, huit membres de la rédaction: les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychanalyste Elsa Cayat, l'économiste Bernard Maris et le correcteur Mustapha Ourrad.

«Je suis Charlie»

Charlie était la cible de menaces djihadistes depuis la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006.

L'attaque avait provoqué une émotion mondiale et donné naissance à un slogan de soutien: «Je suis Charlie».

Le 11 janvier 2015, des manifestations avaient réuni près de quatre millions de personnes dans toute la France, avec de nombreux chefs d'État et de gouvernement étrangers dans le cortège parisien.

À la veille du dixième anniversaire de l'attaque, le président Emmanuel Macron a appelé lundi à poursuivre sans «répit» la lutte contre le terrorisme. Il a souligné que le risque «demeure prégnant dans nos sociétés», ce qui «implique qu'il n'y ait aucun relâchement et une vigilance collective».

Les commémorations se feront mardi en présence de M. Macron, de plusieurs ministres et de la maire de Paris, Anne Hidalgo.

Elles débuteront à 11h30 (10h30 GMT) dans le XIe arrondissement de Paris, où Charlie Hebdo avait ses locaux en 2015, et se poursuivront boulevard Richard Lenoir, où le policier Ahmed Merabet avait été abattu. Elles s'achèveront à 13h10 (12h10 GMT) par un hommage aux victimes du magasin Hyper Cacher, porte de Vincennes: quatre personnes de confession juive y avaient été tuées le 9 janvier 2015.

Dessiner sa «colère»

Dans son numéro spécial, Charlie Hebdo publie une série de caricatures sur le thème #RiredeDieu. L'hebdomadaire, dont la ligne anticléricale n'a jamais varié, a lancé fin 2024 un concours international auprès de dessinateurs de presse, invitant à «dessine[r] votre colère contre l'emprise de toutes les religions sur vos libertés».

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Parmi 350 dessins reçus, près de 40, «les plus efficaces et les plus aboutis», sont publiés.

Parmi eux, l'un représente un Christ en croix se filmant avec un téléphone, avec un sous-titre prévenant que «le petit oiseau va sortir»; un autre montre une mère et son enfant dans un paysage de ruines se disant qu'«un dieu, ça va, trois, bonjour les dégâts»; et dans un troisième, un dessinateur se demande si dessiner «un type qui dessine un type qui dessine Mahomet, ça va?».

Le journal publie également les résultats d'une étude de l'institut Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès réalisée en juin 2024 indiquant que 76% des Français estiment que «la liberté d'expression est un droit fondamental» et que «la liberté de caricature en fait partie». Par ailleurs, 62% des sondés se disent favorables au «droit de critiquer de manière outrageante une croyance, un symbole ou un dogme religieux».

Lundi, le procès de l'homme ayant attaqué deux personnes au hachoir en septembre 2020 devant les anciens locaux de Charlie Hebdo ainsi que cinq de ses proches, soupçonnés de l'avoir motivé et soutenu, s'est ouvert devant la cour d'assises spéciale des mineurs de Paris.

Zaheer Mahmood pensait s'attaquer à des salariés de Charlie Hebdo, ignorant que le journal avait quitté ses locaux après l'attentat de 2015. Les six accusés sont tous originaires d'une même région rurale du Pakistan.

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