Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

D’infirmier en soins palliatifs à sommelier et créateur d’un cidre

Il lâche la santé pour créer un nouveau produit, mariage entre la pomme et le raisin

Steven Fortin était en pleine préparation pour son cidre Nordiq, cette semaine, à la Cidrerie Milton, en Estrie. Afin de lui « donner du oumf », il ajoute du marc de raisin à la préparation, comme on peut le voir en mortaise.
Steven Fortin était en pleine préparation pour son cidre Nordiq, cette semaine, à la Cidrerie Milton, en Estrie. Afin de lui « donner du oumf », il ajoute du marc de raisin à la préparation, comme on peut le voir en mortaise. Photos courtoisie
Partager
Photo portrait de Julien McEvoy

Julien McEvoy

2021-10-02T04:00:00Z
Partager

Il n’y a pas si longtemps, Steven Fortin côtoyait la mort chaque jour dans ses fonctions d’infirmier en soins palliatifs. Après un 180° professionnel, le jeune entrepreneur de 32 ans s’apprête aujourd’hui à lancer un cidre nouveau genre, après avoir obtenu un diplôme en sommellerie.

L’ex-infirmier travaillait de nuit, à Sudbury, dans le nord de l’Ontario. « Ce n’était pas rare que je doive donner un dernier bain à une personne qui venait de mourir avant que le salon funéraire vienne la chercher », raconte-t-il. 

À force de voir la mort de près, il s’est mis à réfléchir au reste de sa vie. « J’ai gagné 25 ans de maturité en 3 ans », s’exclame-t-il. 

En même temps, il commençait à s’intéresser au vin. Puis un matin, la réalisation lui vient : « Je ne voulais pas faire ça le reste de ma vie ». 

Formation en sommellerie

Sa femme et lui reviennent au Québec en 2017. Il quitte le monde de la santé et commence une formation professionnelle en sommellerie. Elle lâche sa job à Radio-Canada pour jeter les bases de leur nouvelle entreprise : Sommelier Nordiq. 

Ils commencent par voyager à travers le Québec pour rencontrer tous nos vignerons. « À force de voir les gens avec les mains dedans, ça m’a donné le goût de m’y mettre moi aussi », dit Steven. 

Publicité

Choisir la pomme

Mais pas de la même façon que ceux qui produisent du vin québécois. Pas question pour Steven et sa femme, Elizabeth, de commencer un vignoble. « C’est très dur, faire pousser du raisin au Québec, et les résultats sont plutôt moyens », tranche-t-il.

Son idée, maintenant, est de mettre à profit la matière première de choix du Québec, le fruit national de la Belle Province : la pomme. 

« Elle pousse en abondance, elle n’a pas besoin d’intervention, on n’a pas besoin de se battre contre la nature comme avec le raisin », explique-t-il.

Avec une cidrerie et un verger

De Sommelier Nordiq, il ne reste maintenant plus que Nordiq, une marque de cidre composé de 80 % de pommes et de 20 % de marc de raisin. 

Steven et Elizabeth ont deux alliés de taille dans l’aventure : la Cidrerie Milton et le Verger Hemmingford, deux piliers du cidre au Québec. Ce sont eux qui fournissent les pommes pour le cidre Nordiq, une alliance inédite dans l’industrie. 

« C’est complètement flyé comme produit. C’est effervescent, c’est facile à boire. On peut le déguster sur le bord de la piscine ou à table avec un bon repas », assure l’entrepreneur. 

20 000 bouteilles à 20 $

Si le produit est une innovation québécoise, Steven compte bien l’imposer rapidement. Sa première cuvée sera de 20 000 bouteilles, qui se vendront environ 20 $ les 750 ml. 

« Les vins québécois sont plus populaires que jamais, mais ils sont aussi plus chers que jamais », rappelle le couple. 

Une bonne bouteille de vin québécois ne se détaille pas sous les 30 $. 

Elizabeth et Steven sont en train de mettre la touche finale à leur cuvée Nordiq. Les bouteilles seront prêtes en novembre, juste à temps pour le temps des fêtes. « Le taux d’alcool sera entre 6 et 10 %, ce qui nous permet d’avoir des arômes complexes. Grâce au tanin des raisins, on va vraiment ailleurs que le cidre normal », insiste le passionné. 

Bref, un nouveau modèle d’affaires est né. Santé ! 

Publicité
Publicité