Difficile de cracher le morceau


Marc de Foy
C’était amusant d’entendre Kent Hughes se dépêtrer avec le mot reconstruction, hier matin, lorsque Luc Gélinas l’a amené sur le sujet. Le directeur général du Canadien en a patiné un coup.
Hughes a finalement dit que l’utilisation d’un terme n’est pas nécessaire pour identifier son plan de relance. Il préfère parler de l’objectif visé, lequel consiste à faire du Tricolore une équipe gagnante à long terme.
Vous pigez ?
Or, quand un joueur comme Tyler Toffoli change de camp et que Ben Chiarot est sur le point d’être échangé, c’est un signe probant qu’un processus de reconstruction est en marche.
De toute façon, c’est là qu’en est le Canadien.
C’est la seule option valable qui s’offre au duo Gorton-Hughes afin de mettre sur pied une équipe qui sera compétitive longtemps.
En finir avec l’inconstance
Cet élément ressort du discours de Hughes depuis son arrivée.
Il ne veut pas d’une équipe dont le rendement ira en montagnes russes ; il ne veut pas d’une formation qui prendra part aux séries deux ans de suite pour ensuite les rater deux saisons consécutives.
C’est ce qu’on voit du Canadien depuis sa dernière conquête de la coupe Stanley, en 1993.
Le Tricolore ratera les séries pour une 11e fois en 28 saisons cette année. Durant cette période, il a été éliminé neuf fois en première ronde et cinq fois au deuxième tour.
Ça n’en laisse pas beaucoup pour le carré d’as (3) et la finale (1).
Il faut que ça change.
Voir les bons côtés
Non, la métamorphose ne se fera pas du jour au lendemain. Non, personne ne sait combien de temps il faudra.
Ça va demander de la patience, du flair et une part de chance.
À ce stade-ci, les sceptiques semblent plus nombreux que les optimistes.
Ils semblent nombreux à dire que les Oilers d’Edmonton et les Sabres de Buffalo n’ont pas encore trouvé la recette gagnante malgré la multitude de premiers choix que la loterie au repêchage leur a rapportés.
Exemples concluants
Mais il y a aussi de belles histoires.
Les Penguins de Pittsburgh ont remporté trois coupes Stanley avec Sidney Crosby, Evgeny Malkin, Marc-André Fleury et Kris Letang.
S’ajoute à ce quatuor Jake Guentzel, qui a eu son mot à dire lors des conquêtes de 2016 et 2017.
Il n’est pas dit que les Penguins ne pourraient pas répéter l’exploit cette année avec la belle saison qu’ils connaissent.
Les Blackhawks de Chicago, vainqueurs de trois coupes en six ans, ont construit autour de Patrick Kane, Jonathan Toews, Duncan Keith, Brent Seabrook et Corey Crawford
À Tampa, Steven Stamkos, Victor Hedman, Andrei Vasilevskiy, Nikita Kucherov, Brayden Point et un certain Mikhail Sergarchev ont permis au Lightning de monopoliser la coupe au cours des deux dernières années.
Recruteurs recherchés
Ces trois équipes ont su repêcher aussi et développer de bons joueurs d’appoint.
Pensons à Niklas Hjakmarsson, Andrew Shaw, Brandon Saad et Bryan Bickell à Chicago ; à Bryan Rust à Pittsburgh ; et à Alex Killorn, Ondrej Palat et Richard Panik à Tampa Bay.
Les grandes équipes se forment à ce niveau. Ça prend des recruteurs qui ont du flair. On ne peut pas dire que le Canadien en possède à revendre.
Aussi, il faut s’attendre à ce que Gorton et Hughes posent leurs empreintes sur le personnel de recruteurs.
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La loterie Bedard
Par contre, il faut dire que la venue d’un joueur générationnel ferait le plus grand bien au Canadien, qui n’en a pas eu depuis Guy Lafleur.
Et qui dit premier choix de 2023, pense à Connor Bedard.
Hughes s’est d’ailleurs montré franc et direct en parlant de l’an prochain. Il a dit qu’une participation aux séries l’an prochain était utopique.
Aussi bien donc rester dans la cave du classement pour avoir plus de boules dans le boulier pour la loterie Bedard.