Devant un tribunal britannique, le calvaire de deux ados devenues esclaves sexuelles

Huit hommes sont jugés depuis mercredi à Manchester, dans le nord de l'Angleterre, pour avoir violé et transformé en «esclaves sexuelles» deux adolescentes, dans un procès au retentissement accru par les polémiques récentes sur la gestion d'affaires similaires par les autorités britanniques. 

• À lire aussi: Londres enquêtera sur les affaires de viols de mineures par des gangs exhumées par Elon Musk

• À lire aussi: Polémique avec Musk: Keir Starmer promet de renforcer la protection des mineurs contre les violences sexuelles

À l'ouverture du procès, le procureur a accusé les huit hommes, âgés de 39 à 66 ans, d'avoir entre 2001 et 2006 à Rochdale, dans le nord de l'Angleterre, «exploité les vulnérabilités (des deux victimes) pour leur propre satisfaction sexuelle perverse, de la manière la plus humiliante et dégradante possible».

Révélés depuis une quinzaine d'années, plusieurs scandales de viols et d'exploitation sexuelle de jeunes filles par des groupes d'hommes souvent originaires du Pakistan comme dans cette affaire, ont secoué le Royaume-Uni, et plus particulièrement les villes de Rotherham, Oldham et Rochdale.

Mercredi, le procureur Rossano Scamardella a décrit comment les deux jeunes filles, âgées de 13 ans lorsque leur calvaire a commencé, étaient obligées d'avoir des rapports sexuels «avec plusieurs hommes le même jour», «dans des appartements vétustes, sur des matelas moisis» ou encore «dans des voitures, des parkings ou des entrepôts désaffectés».

«Elles sont devenues des esclaves sexuelles», a insisté le procureur devant la Minshull Street Crown Court.

Dans ces affaires de viols et d'exploitation sexuelle en Angleterre, dont certaines remontent aux années 1990, les victimes étaient pour beaucoup issues d'un milieu social défavorisé et parfois placées par les services sociaux.

Les autorités britanniques ont été critiquées pour ne pas avoir pris la mesure de cette criminalité.

Ces critiques ont redoublé d'intensité ces dernières semaines après que le milliardaire Elon Musk s'est emparé du sujet, en fustigeant le refus du gouvernement travailliste de Keir Starmer d'ouvrir une vaste enquête nationale indépendante.

L'exécutif a finalement annoncé le lancement d'enquêtes locales sur ces anciennes affaires et un «audit rapide» sur la situation actuelle dans le pays.

Ces affaires alimentent le discours anti-migrants et anti-musulmans de personnalités et mouvements d'extrême droite.

Lors de l'audience mercredi, le procureur a indiqué que les accusés offraient aux victimes de l'alcool, de la drogue, de l'argent ou encore de la nourriture, en échange de relations sexuelles avec eux «et d'autres hommes de Rochdale».

Les deux adolescentes était «bien identifiées par les services sociaux» mais «aucun signalement n'a été adressé à la police et rien n'a été fait», a-t-il déploré.

Ce n'est qu'en 2010 que l'une des deux victimes a été approchées par la police. Elle a d'abord refusé de témoigner, avant de recontacter la police en 2015, bientôt suivie par la deuxième jeune fille.

Les huit accusés ont tous nié les charges retenues contre eux.