Devant le château de Versailles, une centaine d'agriculteurs français alertent contre le Mercosur

AFP
Une centaine d'agriculteurs et une quinzaine de tracteurs se sont installés tôt vendredi devant le château de Versailles, répondant à l'appel de mobilisation nationale contre le projet d'accord commercial Mercosur, lancé par la première alliance syndicale agricole en France.
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«Le sens de cette mobilisation, c'est évidemment attirer l'attention du chef de l'État», a déclaré le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, présent dès l'aube sur la place d'Armes, devant le château des rois de France.
Tout un symbole: «la révolte paysanne reprend à Versailles», pouvait-on lire sur une immense banderole déployée sur des tracteurs.
Dans le viseur du syndicat agricole, le projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur, dont Bruxelles a lancé début septembre le processus de ratification, et vis-à-vis duquel la France, jusque-là très opposée, semble depuis se montrer moins défavorable.
«On a sur le plan international de nombreuses questions qui se posent quand des produits viennent envahir nos marchés et ne respectent pas nos normes de production», a poursuivi M. Rousseau. «Le chef de l'État doit réagir. Le premier ministre doit nous recevoir urgemment.»
Sur place, la centaine d'agriculteurs mobilisés ont allumé un feu de camp et distribué café et viennoiseries. D'autres craquent des fumigènes verts.
À 56 ans, dont quarante passées à travailler dans une exploitation agricole, le secrétaire général de la FDSEA de Seine-et-Marne (région parisienne), Pascal Verriele, a le sentiment «de toucher le fond».
«Je n'ai plus de visibilité, plus de marge de manœuvre», déplore cet agriculteur en grande culture. «Il y a le Mercosur, les dispositifs accordés à l'Ukraine de quotas d'importation sans droits de douane. Tout cela déstabilise nos exploitations.» Et d'appeler à un «sursaut» sur le projet d'accord du Mercosur.
Ailleurs en France, d'autres actions sont attendues tout au long de la journée, et ce alors que vendanges et récoltes occupent actuellement le monde paysan.
À Torvilliers (nord), une mobilisation se déroulait dans le calme vendredi matin. Dans le sud-est, dès 4h30 GMT, des banderoles ont été déployées sur les murs et la grille de la sous-préfecture de Lodève. Et des agriculteurs se sont également rassemblés près de Béziers, accompagnés de tracteurs, poids lourds et bennes.
«On continue à rester motivés, on reviendra s'il y a besoin cet hiver, à un moment où dans nos champs, ce sera plus facile», a mis en garde Arnaud Rousseau.
Les autorités s'attendent à environ 3000 participants aux 70 actions organisées dans 65 départements.