Deuxième titre mondial en ski freeride: Justine Dufour-Lapointe a reçu un signe de sa maman
La skieuse québécoise a vécu un moment fort en émotions avant sa descente finale

François-David Rouleau
Quand elle a avancé ses spatules près du vide au sommet du Bec des Rosses, célèbre pic rocheux culminant à 3220 mètres et surplombant Verbier, en Suisse, Justine Dufour-Lapointe a senti qu’elle avait reçu un câlin de l’au-delà. Un message pour réussir une descente parfaite et remporter un deuxième sacre mondial.
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S’élançant la dernière, la meneuse au classement général a jeté un regard à l’officielle au départ, Elisabeth Gerritzen, d’ordinaire une rivale dans les descentes sur les flancs acérés et poudreux des montagnes du Freeride World Tour.
«Elle m’a donné un câlin qui m’a tellement fait chaud au cœur qu’on s’est mis à pleurer. C’était énergisant. On se connaît, mais vraiment pas assez pour faire une accolade comme celle-là», a raconté la skieuse de 30 ans, double médaillée olympique, en entrevue avec une poignée de médias québécois quelques heures après sa conquête.
Cet affectueux câlin, selon elle, était un signe de sa maman, Johane, décédée il y a un an, jour pour jour.

Intelligence et sécurité
«Elle voulait toujours me voir skier en sécurité et intelligemment en prenant les bonnes décisions, a-t-elle expliqué. C’est comme si Elisabeth me disait la même chose. C’était incroyable. J’en parle et j’ai des frissons.
«Car l’an passé, le 20 mars était ma dernière journée avec ma mère en vie. J’ai l’impression qu’elle était avec moi en vivant ce moment et en skiant à mes côtés. Elle m’a donné ce petit coup de pouce de confiance pour attaquer.»
C’est ainsi que Dufour-Lapointe s’est lancée dans un étroit couloir sur la paroi verticale de 600 mètres inclinée en moyenne à 45 degrés. Elle a sauté des escarpements rocheux et contrôlé sa vitesse dans une descente dont elle se souviendra à jamais.

«J’étais nerveuse, car c’est une face impressionnante et très abrupte. C’est intimidant. Beaucoup de choses me passaient par la tête avant ma descente. Le titre était en jeu et c’était le plus important. On savait la stratégie et le pointage des autres filles. Dans nos calculs, il fallait une run propre. C’était notre mission.»
Mission accomplie
En ralliant l’arrivée sur ses deux skis, sans avoir chuté, elle a levé les bras et s’est mise à crier «On l’a fait!». Son score de 77 points l’a placée au second rang de la compétition, derrière la gagnante suisse, Jenna Keller. Et c’était suffisant pour la devancer au premier rang du classement général.
«C’est de l’émotion pure et la joie de vivre. Le ski en freeride permet de vivre les émotions et de faire quelque chose de plus grand que soi. C’est ce qui fait la beauté de ce sport, c’est qu’il nous permet de rester authentiques. Il y a de l’espace pour mettre de la couleur et montrer qui l’on est. On vit les émotions et on les laisse aller.
«C’est beau de voir l’humain derrière l’athlète.»

Avec ses sœurs
L’an passé, elle aurait saisi son téléphone pour appeler sa maman. Mais cette fois, elle a plutôt composé le numéro de ses deux grandes sœurs, Chloé et Maxime.
«J’ai vécu tellement de choses avec elles. Elles savent très bien ce que je vis présentement.»
Après une année sabbatique durant laquelle Justine raconte avoir atteint le fond du baril au fil des épreuves douloureuses d’un deuil, elle s’imaginait difficilement remporter une autre couronne sur le circuit si rapidement. En 2023, elle avait remporté les grands honneurs.

Forte de ses entraînements, en confiance, sans attente et pour le simple plaisir de s’amuser sur les montagnes, elle a accumulé quatre podiums, dont une victoire dès la première étape, pour savourer un deuxième championnat bien différent.
«C’est incroyable. C’est une journée vraiment très spéciale. Un rêve est devenu réalité», a-t-elle conclu.