Deux titres en 2025: Félix Auger-Aliassime raconte son retour en force


Jessica Lapinski
Ne cherchez pas le fameux déclic qui l’a fait passer d’un joueur qui, de son propre aveu, connaissait une fin d’année 2024 difficile, à l’unique athlète de l’ATP ayant décroché deux titres sur le circuit en 2025. «Je ne crois pas vraiment à ça», a pointé Félix Auger-Aliassime, quelques heures après avoir mis la main sur le trophée à Montpellier, dimanche, au terme d’une finale qu’il a décrite comme «complètement folle».
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Ce résultat, a-t-il analysé, c’est plutôt le fruit d’un effort constant. Sur le court pendant les matchs, mais aussi, à l’entraînement, où, soulève-t-il, il passe au final beaucoup plus de temps qu’en tournoi.
D’un apprentissage, aussi. «J’apprends beaucoup dans cette carrière», a lancé Félix dans un petit rire, en entrevue au Journal.
«Ce que je réalise, c’est qu’il n’y a pas une réalité qui perdure dans le temps. Parfois, on se sent bien dans une routine, mais il faut évoluer constamment, apprendre, s’améliorer.»
«J’aime la version de moi-même que je produis en ce moment, mais en même temps, je sais qu’il y a des années où ça ira moins bien. Il faut que je reste lucide et que je comprenne ce qui se passe exactement dans ces moments.»

Comme un petit Federer
S’il exultait sur le terrain plus tôt dans la journée en France, Auger-Aliassime versait donc plutôt dans le «jamais trop haut, jamais trop bas» à sa sortie de celui-ci. Ça fait sans doute partie des apprentissages, quoique le Québécois a toujours été du type humble.
Mais il avait de quoi exulter une fois le titre acquis, tout de même. Certes, ce trophée glané à Montpellier, le septième de sa carrière, à sa 17e finale, en est un de la catégorie ATP 250. La 23e raquette sur l’ATP n’a eu à vaincre aucun joueur classé plus haut que la 71e place mondiale pour se l’adjuger, en quatre rencontres.

L’Américain Aleksandar Kovacevic n’était cependant pas venu en touriste dans ce match ultime, dimanche. Le 102e mondial joue à 26 ans le meilleur tennis de sa carrière. La veille, il avait battu le Russe Andrey Rublev, 10e au monde et favori en Occitanie.
Et Félix le connaissait. Les souvenirs remontent à loin. Alors qu’ils étaient encore presque des enfants, chez les moins de 12 ans, au prestigieux Orange Bowl, ils avaient croisé le fer.

«Je m’étais dit à l’époque: ce gars joue comme Roger [Federer]! Je ne te l’avais jamais dit, mais je trouvais que le moment était maintenant le bon», l’a félicité Auger-Aliassime dans son discours d’après match.
Un pari réussi
Kovacevic était dimanche en quête du premier titre de sa carrière et il a tout donné à compter de la deuxième manche, pour finalement concéder une victoire de 6-2, 6-7 (7) et 7-6 (2) à Félix. Sa 10e de la saison (contre deux revers); un total qu’il n’avait affiché qu’en avril, l’an dernier.
Ce dernier était assurément fier d’avoir réussi à se maintenir dans ce match, qu’il avait eu au bout de sa raquette, au premier bris d’égalité, avant qu’une coûteuse double faute ne le force à faire du temps supplémentaire. Il lui aura fallu 2 h 40 min pour boucler le match.
Il s’est laissé choir sur les genoux, une fois la balle de match jouée, et une fois près de son box, il a pointé sa tête en souriant. La force mentale, la fameuse, l’habitait dimanche.

En entrevue, il se réjouissait surtout d’avoir réussi son pari. Avec son équipe, Félix avait pris la décision de jouer le tournoi d’Adélaïde, tout juste avant les Internationaux d’Australie, puis celui de Montpellier, tout juste après.
Sur le bon chemin
Des épreuves dans lesquelles il ferait face à des joueurs moins bien classés. Mais il faut tout de même bien les battre, ces joueurs, pour soulever le gros trophée! Ce qu’il a fait, pour gonfler son palmarès de l’année à deux titres en seulement trois tournois individuels.
Auger-Aliassime n’est toutefois pas dupe. «Il y a de gros tournois qui s’en viennent, a-t-il soulevé. Des ATP 500 relevés, avant les Masters 1000 d’Indian Wells et de Miami. Mais c’est bon de n’être qu’au début février et d’avoir déjà emmagasiné des victoires.»
«C’est bon de se sentir sur le bon chemin.»
Bref, deux titres ne sont pas une saison. Mais ils la démarrent pas mal bien.