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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Deux restaurateurs d’objets précieux parmi les victimes du déraillement mortel à Lisbonne laissent un vide immense dans le milieu de l'archéologie

Le couple décédé était connu par tout le milieu de l’archéologie et de la restauration au Québec

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Frédérique Giguère et Dominique Lelièvre

2025-09-05T18:12:55Z
2025-09-05T20:34:43Z
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Les deux Québécois ayant péri mercredi dans le déraillement du funiculaire de Lisbonne laissent un vide immense dans le monde de l’archéologie et de la restauration au Québec, eux qui sont dépeints comme des précurseurs au cœur immense.

André Bergeron et Blandine Daux, deux restaurateurs d’objets patrimoniaux, sont bien connus des archéologues et du milieu de la conservation de la province – et même d’ailleurs au Canada.

«C’est une perte sans bon sens. C’est vraiment triste de perdre un être qui avait autant de qualités», lâche Louise Pothier, conservatrice et archéologue en chef au musée Pointe-à-Callière, manifestement bouleversée par le décès de son fidèle et cher collaborateur des 40 dernières années. Elle connaissait également très bien Blandine Daux, qu’elle qualifie de professionnelle extrêmement respectée et appréciée dans le milieu.

Photo fournie par GOFUNDME, IN MEMORY OF MY PARENTS
Photo fournie par GOFUNDME, IN MEMORY OF MY PARENTS

«André avait développé une expertise totalement unique, renchérit-elle. Il faisait partie des grands professionnels et était connu au-delà des frontières du Québec. Grâce à son professionnalisme et son savoir-faire hors du commun, il a réussi à faire se rencontrer deux disciplines, soit la restauration et l’archéologie, et à les faire dialoguer.»

Passionnés

Considéré comme une sommité, André Bergeron a notamment contribué aux travaux de prélèvement du rempart palissadé de Beaucours, dans le Vieux-Québec, en 2018. Cette découverte a soulevé un grand intérêt, bien que la datation des pièces de bois a ensuite été remise en doute par certains experts.

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«C’est un choc [...]. C’est quelqu’un qui était connu de toute la communauté archéologique, entre autres à cause de son vade-mecum», un guide qu’il a aidé à rédiger, qui faisait office de «bible» dans le milieu, explique Josée Villeneuve, présidente de l’Association des archéologues du Québec.

Retraité depuis 2022 du Centre de conservation du Québec, où sa conjointe œuvrait également, M. Bergeron se disait heureux de pouvoir passer plus de temps avec ses petits-enfants, se souvient Mme Villeneuve.

Le restaurateur André Bergeron, lors du prélèvement de vestiges dans le Vieux-Québec en 2018.
Le restaurateur André Bergeron, lors du prélèvement de vestiges dans le Vieux-Québec en 2018. Photo fournie par MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS

«Il avait pris sa retraite, mais il continuait à donner des conseils en cas de besoin», précise-t-elle, particulièrement ébranlée par les circonstances du décès du couple.

«Surtout que je sais c’est quoi, le funiculaire [de la Gloria, à Lisbonne], je l’ai déjà pris. C’est vieux, mais ça ne semblait pas dangereux. [...] C’est tellement tragique», soupire-t-elle.

Les défunts ont collaboré plusieurs fois avec le Musée de la civilisation de Québec, où ils étaient grandement appréciés. «Ils savaient partager leur expertise et leur savoir pour permettre aux gens d’apprendre, toujours avec respect et humilité», a souligné la directrice générale, Julie Lemieux.

Elle cherchait des réponses

Devant l’impossibilité d’obtenir des réponses par les voies officielles, la fille du couple s’est tournée vers la plateforme TikTok, jeudi.

Violette Daux-Bergeron a d’abord publié des photos de ses parents ainsi qu’une vidéo dans laquelle elle explique qu’ils sont probablement parmi les victimes de l’accident du funiculaire. Elle demandait ainsi aux résidents de Lisbonne de la contacter s’ils possédaient quelconque information. Elle indiquait par ailleurs avoir l’intention de s’y rendre avec sa sœur.

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Vendredi, Mme Daux-Bergeron a publié une autre vidéo dans laquelle elle confirme le décès de ses parents. La jeune étudiante de 22 ans accompagne sa vidéo d’une touchante publication.

«Vous êtes partis trop tôt et trop soudainement. Les dernières heures ont semblé être des semaines. Je vous garderai dans mon cœur à jamais», écrit-elle, signant son bouleversant message par «votre petit chaton».

Dans ses mots

Dans une entrevue vidéo publiée sur la chaîne YouTube du réseau Archéo-Québec, André Bergeron racontait avec une passion contagieuse avoir eu «la chance incroyable en 1979 de devenir restaurateur parmi une équipe d’archéologues dans le Grand Nord», ce qui a été pour lui «la confirmation de ce qu[’il allait] faire pour le reste de [s]a vie».

«Ce qui est le plus important à mes yeux, c’est d’avoir une pratique qui est utile à l’archéologie. Et pour moi, il n’y a rien de plus gratifiant que lorsqu’on voit un archéologue regarder un objet qu’on a restauré et que lui-même n’a jamais vu à l’état complet», détaillait-il.

Par voie de déclaration, le ministère de la Culture et des Communications a également tenu à rendre hommage à ces deux personnages pour leur contribution «remarquable» à l’atelier d’archéologie-ethnologie du Centre de conservation du Québec.

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