Deux protégés de la Caisse à couteaux tirés

Sylvain Larocque
Candidate malheureuse à un contrat de 2 milliards $ en Australie, Bombardier Transport conteste vigoureusement l’appel d’offres, remporté par une filiale du géant français Keolis.
Or, la Caisse de dépôt et placement est un actionnaire important des deux entreprises en conflit : elle détient 34,7 % de Bombardier Transport et 30 % de Keolis.
La situation n’est pas sans rappeler l’appel d’offres pour le matériel roulant du Réseau express métropolitain (REM). Dans ce dossier, la Caisse était à la fois présente comme propriétaire du REM par le biais de sa filiale CDPQ Infra et comme actionnaire de Bombardier Transport, l’un des soumissionnaires.
Le contrat a été octroyé à Alstom, qui assemble les trains en Inde. Lorsqu’Alstom conclura l’acquisition de Bombardier Transport, l’an prochain, la Caisse deviendra le plus important actionnaire du constructeur français.
Dans le dossier australien, la présidente de la filiale de Bombardier dans le pays, Wendy McMillan, a demandé qu’une « enquête de probité indépendante » soit menée sur le processus d’octroi du contrat, a révélé le quotidien The Advertiser.
Le contrat porte sur l’exploitation et l’entretien des trains de banlieue d’Adélaïde pendant huit ans. Il a été octroyé à Keolis Downer, une coentreprise dans laquelle le groupe australien Downer détient une participation minoritaire.
De son côté, Bombardier était allié au poids lourd allemand Deutsche Bahn et au groupe sino-australien John Holland au sein du consortium Adelaide Next.
« Très inhabituel »
Selon un courriel envoyé par la présidente de Bombardier Australie qu’a obtenu The Advertiser, Adelaide Next a reçu peu de questions à propos de sa soumission, « ce qui est très inhabituel ».
Dans un autre courriel, Mme McMillan soutient que le gouvernement a commencé à négocier avec Keolis Downer avant même la fin de l’appel d’offres.
« Ce contrat pue, le processus pue », s’est insurgé un député de l’opposition, Tom Koutsantonis.
La Caisse n’a pas souhaité réagir à cette affaire, jeudi.
« Il n'est pas inhabituel que des entreprises en portefeuille compétitionnent entre elles », a noté un porte-parole de l’institution, Maxime Chagnon.