Nouveau roman de Raffaella Romagnolo: deux Italiennes, deux destins bien différents


Marie-France Bornais
Lauréate de nombreux prix en Italie, l’écrivaine Raffaella Romagnolo a imaginé deux formidables destins de femme, pendant la première moitié du 20e siècle, dans son deuxième roman à être traduit en français, Bella Ciao. Entre un petit village du Piémont et la ville de New York, à travers les souvenirs, les regrets, les rêves et les rancœurs, le destin de Giulia et d’Anita se dessine.
En mars 1946, la guerre vient de se terminer en Italie. Giulia Masca revient dans son petit village de Borgo di Dentra, dans une limousine avec chauffeur. Trahie par sa meilleure amie Anita et son fiancé, elle avait quitté son petit village un demi-siècle plus tôt, seule, enceinte et sans le sou. Objectif : refaire sa vie ailleurs, autrement. Destination : New York.
Tandis que Giulia poursuivait son rêve américain, les habitants de Borgo di Dentro subissaient deux guerres mondiales, étaient témoins de la montée du fascisme, entraient en résistance. Peu à peu, Giulia découvre ce qui est arrivé à son amie Anita et à sa famille. Pourront-elles se réconcilier?
En entrevue par courriel, Raffaella Romagnolo explique qu’elle a écrit ce roman après avoir appris, en 2010, qu’une grève était survenue en 1900 dans une filature de soie près de sa maison, dans le Piedmont.
«C’était la première grève dans la région, et les femmes, les filles et même des enfants en étaient les protagonistes. La grève ne s’est pas bien terminée pour eux. J’ai imaginé qu’une d’entre elles, une fille de 19 ans, Giulia Masca, avait décidé de ne pas retourner dans l’enfer de la filature et choisi de fuir le pays.»
La famille et le temps
Bella ciao est une histoire fictive et Giulia Masca est un personnage de fiction, basé sur la réalité, assure-t-elle. «Mes personnages fictifs sont fortement impliqués dans la vraie histoire italienne et celle des communautés italiennes des États-Unis, dans la première moitié du 20e siècle.»
Le roman s’étend du début du 20e siècle jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et se déroule à différents endroits, de Manhattan à Borgo di Dento, une petite communauté du nord de l’Italie.
«Il y a plusieurs thèmes, plusieurs personnages et plusieurs situations. Comme dans mon autre roman, je m’intéresse surtout à la famille et au temps. La famille pourrait être une ressource importante pour les êtres humains et être en même temps une sorte de prison. Je m’intéresse particulièrement au cours de la vie, au changement dans nos émotions et notre vision de la vie.»
Un destin comme celui de Giulia, qui décide de quitter son pays, était relativement courant, note l’écrivaine.
«Des familles en difficulté pouvaient compter sur les filles et les femmes pour travailler à l’étranger pendant plusieurs mois au cours de l’année, et même plus longtemps. Plusieurs jeunes filles seules du Piedmont sont allées travailler en France, par exemple. Au début du 20e siècle, les États-Unis étaient très attrayants pour les Italiens pauvres.»
