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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Deux chevaux mal en point rescapés par la SPCA

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Anne-Sophie Poiré | 24 Heures

2022-02-13T23:32:08Z
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Deux chevaux prisonniers depuis des années d’une grange sans fenêtre, éclairée par une simple ampoule, et vivant dans leurs excréments, ont été rescapés par les agents de protection animale de la SPCA de Montréal. Cette histoire survient alors que les plaintes pour cruauté animale explosent auprès de l’organisme.

«Ce n’était pas un endroit qui était adéquat pour les chevaux. Ça faisait plusieurs années — entre 2 et 6 ans — qu’ils étaient enfermés dans leur box», raconte la directrice du Bureau des enquêtes de la SPCA de Montréal, Chantal Cayer.

«Ils ne pouvaient pas aller dehors. Ce n’est pas souhaitable pour un cheval. Il y avait des années d’accumulation d’excréments au sol», poursuit-elle.

L’affaire a été signalée le 15 janvier au Bureau des enquêtes de la SPCA de Montréal, souligne l’ancienne policière.

C'est dans une écurie en périphérie de Montréal qu'ont été retrouvés Freedom, un étalon noir de 8 ans, et Charlotte, une ponette blanche de 7 ans. Ils ont été cédés à la SPCA, qui les a placés dans une famille d'accueil spécialisée en réadaptation des chevaux. Leur réhabilitation pourrait prendre quelques mois, voire un an.

«Vous comprendrez qu’on ne peut pas ramener à la SPCA de Montréal un poney et étalon», fait valoir Mme Cayer.

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Un cheval peut vivre jusqu’à 35 ans environ. Les rescapés ont donc encore de belles années devant eux.

La personne propriétaire des animaux se serait montrée «très coopérative» lorsqu'est venu le temps de céder ceux-ci.

«Parfois, les gens ont des problèmes de santé ou cognitifs, et ils perdent le contact avec la réalité animale. Le résultat est le même: il y a un animal qui souffre. Mais ce n’est pas toujours de mauvaise foi», dit Mme Cayer.

Elle ajoute toutefois que «ce n’est pas parce qu’un animal est cédé qu’il n’y aura pas d’accusations criminelles». Il a été impossible de savoir si des accusations seraient déposées dans ce dossier.

Des séquelles permanentes?  

L'organisme a diffusé samedi sur Instagram une vidéo dans laquelle on peut voir le sauvetage.

Durant des années, les animaux ont été privés d’exercice et de contacts, et vivaient dans un box souillé qui n’était jamais nettoyé.

Leurs excréments qui s’accumulaient au sol avaient élevé le niveau du plancher de l’écurie. L’étalon devait toujours y garder la tête penchée pour ne pas percuter le plafond.

«C’est comme s’ils étaient enfermés dans leur toilette, pas d’air, dans le noir», résume une bénévole de Galahad, un organisme chargé de placer les chevaux maltraités ou négligés, avec qui nous avons parlé de cette situation.

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«Isoler un cheval est une forme de cruauté sévère parce que ça va à l’encontre de ses impératifs biologiques. Les chevaux sont des animaux sociaux, qui vivent en groupe [...] et qui marchent naturellement 15 heures par jour», détaille la bénévole qui a préféré garder l’anonymat.

Cette forme de négligence peut laisser des séquelles physiques et psychologiques, parfois irréversibles même dans des conditions optimales de réadaptation.

«C’est contre la nature du cheval d’être enfermé. Il peut développer des stéréotypies (tic nerveux) pour réduire son stress, comme se balancer d’une patte à l’autre ou se faire roter. Ça l’apaise», explique-t-elle. «Il peut aussi développer des problèmes respiratoires parce qu’il est enfermé dans les effluves d’excréments.»

Les plaintes explosent  

En 2021, plus de 4842 animaux ont reçu la visite des agents de protection animale de la SPCA de Montréal.

«Avec la pandémie, on a eu une augmentation de 50% des plaintes. On traitait environ 1200-1300 dossiers annuellement, mais l’an dernier, 1900 enquêtes ont été ouvertes malgré le fait que les agents ne s’occupaient que des urgences», signale Chantal Cayer.

Parfois, il est possible de laisser les animaux dans leurs milieux en faisant de l’éducation auprès des maîtres.

D’autre fois, c’est impossible : au total, 84 animaux ont été retirés de leur lieu de garde en 2021. Et les enquêtes ont mené à 17 condamnations en lien avec la maltraitance animale.

«Il est très rare que les plaintes soient injustifiées», précise Chantal Cayer.

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