«C’est bien plus triste sans musique»: elles chantent dans les funérailles depuis 40 ans


Sarah-Émilie Nault
La chanteuse Hélène Morasse et la musicienne Chantal Noury n’ont pas peur de la mort. Depuis plus de quatre décennies, elles mettent leurs talents musicaux au service des familles en deuil lors des funérailles de proches disparus. «Oui, c’est triste, mais la musique met un baume dans tout cela. Ça réconforte et ça nous fait du bien à nous aussi», disent-elles.
On pourrait croire que de jouer de la musique dans des funérailles est un exercice difficile, or c’est tout le contraire pour la chanteuse Hélène Morasse et la pianiste et violoncelliste Chantal Noury.

«Quand tu chantes pour ces gens, ils ont une bonne écoute. Ils sont fragiles, sensibles et suivent vraiment les paroles des chansons qui prennent une nouvelle signification», explique la chanteuse professionnelle de 65 ans originaire de l’Abitibi.
Les deux amies artistes expliquent que performer dans des funérailles est «plus beau que triste», surtout depuis que celles-ci se déroulent de façon moins formelle qu’à l’église, dans les salons funéraires.
Les plus demandées
Au fil des années, Chantal et Hélène ont presque tout vécu: des funérailles composées de chansons de comédies musicales à des hommages country, en passant par une sortie des invités sur un rigodon, ultime souhait d’un ancien «calleux de veillée».
Les pièces les plus demandées? Au Québec, il y a Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent et L’essentiel, de Ginette Reno, Si Dieu existe, de Claude Dubois, Je pars à l’autre bout du monde et Perce les nuages, de Patrick Norman, Si fragile, de Luc De Larochellière, Hallelujah, de Leonard Cohen et Le cœur est un oiseau, de Richard Desjardins.
À l’international, on pense à l’Ave Maria de Schubert, à My Way, de Frank Sinatra, à Con Te Partiro et Amazing Grace, d’Andrea Bocelli, au Canon de Pachelbel et à la musique de Jean-Sébastien Bach qui convient bien au violoncelle.
Les deux enseignantes se font également demander d’interpréter les chansons préférées du disparu, de tous les genres possibles: religieux, pop, classique, country, blues...
La seule fois où la chanteuse n’a pu accéder à une requête? Lorsqu’on lui a demandé de faire... du rap!
Quant aux funérailles les plus tristes où elle a chanté, il y a eu celles de sa précieuse grand-maman et celles de la fille de son mari, décédée d’une leucémie à l’âge de 15 ans.
La femme a aussi transmis son amour pour la musique à ses enfants, dont sa fille Camille Cormier-Morasse, qu’on a connue à Star Académie et vue dans les comédies musicales Hair, Waitress et La mélodie du bonheur. Avec des amies, l’artiste a fondé l’ensemble Aurea, qui se spécialise également dans les funérailles.

Alléger la peine
«Il faut toujours que ça fasse “Wow!”. Car cela arrive juste une fois dans la vie, la perte d’un être cher», explique Chantal Noury.
Le plus beau compliment qu’on puisse faire aux artistes? Que leur musique a allégé la peine des proches.
«Quand ils nous récrivent pour nous dire que c’était à la hauteur, on sent qu’on a vraiment apporté quelque chose à la famille», disent-elles.
Bien sûr, les funérailles d’un enfant restent des moments douloureux. «Mais, c’est bien plus triste sans musique! La musique est là pour aider la famille à passer à travers ces moments», explique Chantal Noury.
«On se fait une bulle. Il le faut, sinon on n’est plus capable de chanter. Souvent je chante après l’hommage, alors je fixe un point et je chante vers là», renchérit Hélène Morasse.