«Deux ans de vie sociale à rattraper»: sortir en gang pour sa santé mentale


Hugo Duchaine
«Rassemblez-vous!» Voilà l’appel lancé par une psychiatre et une femme vivant avec un trouble bipolaire, ayant souffert d’isolement pendant la pandémie, pour prendre soin de notre santé mentale cet été.
«On a deux ans de vie sociale à rattraper la gang, let’s go, insiste la psychiatre Karine Igartua. D’être en nature, en gang, de faire de l’exercice et d’être loin des écrans, ce sont toutes des choses qui sont positives pour la santé mentale.»
C’est d’ailleurs la mission que s’est donnée cet été Stéphanie Ghio, atteinte d’un trouble bipolaire depuis une quinzaine d’années. Gagnée par une peur irrationnelle au début de la pandémie, elle s’est énormément isolée.
Réapparition des symptômes
Pourtant stable depuis huit ans, la Lavalloise de 39 ans dit avoir vu les symptômes de dépression et de manie réapparaître avec le confinement.
«J’ai eu tellement peur pendant tellement longtemps», confie Mme Ghio, qui œuvre en marketing. C’est pourquoi elle s’efforce cet été à reprendre contact avec des amis et à sortir avec des collègues par exemple.

Déjà timide de nature, elle reconnaît qu’elle a encore du chemin à faire pour retrouver ses réflexes sociaux et une certaine aise en public.
Elle est loin d’être la seule dans cette situation, enchaîne la Dre Igartua, qui appelle à l’indulgence, alors que les gens recommencent à se côtoyer.
Le gouvernement provincial a levé cette semaine l’état d’urgence qui durait depuis deux ans, mais la COVID-19 circule toujours. C’est pourquoi la médecin privilégie les activités extérieures, afin de réduire les risques de transmission du virus.
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Diagnostic solitude
Psychiatre en chef de la Mission en santé mentale du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), la Dre Igartua souligne que beaucoup de Québécois ont souffert d’isolement pendant la pandémie.
Elle se souvient même d’avoir hospitalisé «quelques patients» avec la solitude comme diagnostic principal.
«Ce n’est pas ta maladie bipolaire qui est pire, tu n’es pas psychotique. Mais tu souffres tellement de solitude que je te donne trois jours à l’hôpital, juste pour que tu puisses jaser avec d’autres patients et des infirmières», se rappelle la psychiatre.
«Ça fait du bien au moral de se retrouver en gang», poursuit la spécialiste.
Stéphanie Ghio et elle ont d’ailleurs hâte de se retrouver au parc Maisonneuve le 12 juin pour une grande course, afin d'amasser des fonds pour la Fondation de l’Hôpital général de Montréal et soutenir les soins en santé mentale. (lien: codevie.ca/course)
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