Deux ans de ratés SAAQclic: «Je me suis sentie prise en otage»

Élizabeth Ménard
Il a fallu qu’un arbre tombe sur la voiture d’une automobiliste de Saint-Élie-de-Caxton pour qu’elle réalise qu’elle roulait depuis plusieurs mois sans permis ni immatriculation valides, dévoilant du coup un énième raté du système SAAQclic, deux ans après son lancement.
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«Je me suis sentie prise en otage», lance Julie Milot, en entrevue à l’émission J.E, qui se consacre ce soir au fiasco de ce système.
En 2023, elle s’est inscrite à la nouvelle plateforme de la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ). En novembre 2024, elle contacte son assureur après qu’un arbre soit tombé sur l’un de ses deux véhicules. C’est avec stupéfaction qu’elle apprend alors que son immatriculation est expirée.

Pourtant, elle ne se souvenait pas d’avoir reçu les avis de renouvellement de la SAAQ.
«J’ai décidé d’aller voir sur mon compte SAAQclic. Et là, je vois [les avis de renouvellement] et je m’aperçois que je n’ai plus de permis de conduire et que mes deux véhicules ne sont plus immatriculés», raconte Mme Milot, la panique dans la voix.
Elle constate alors que ses immatriculations sont expirées depuis plus d’un an et son permis de conduire depuis neuf mois.
Elle affirme n’avoir reçu aucun courriel, notification ou lettre l’avertissant que ses avis avaient été déposés sur son compte SAAQclic. Elle a même vérifié dans ses courriels indésirables. Il n’y avait rien.
300$ d’inspection
Elle a pu récupérer son permis de conduire en appelant à la SAAQ. Comme ses véhicules n’avaient pas été immatriculés depuis plus d’un an, on lui a exigé des inspections mécaniques à 135$ pour chacun d’eux, c’est-à-dire plus de 300$ avec les taxes.
«On va se le dire, ça fonctionne très mal. Je prends en exemple Hydro-Québec. Je n’ai plus de courrier de leur part. Mais tous les mois, ils m’informent que ma facture est prête. Ce n’est pas parce que je ne suis pas connaissante ou high-tech, comme on dit. Mes factures sont toujours payées tous les mois», s’exprime-t-elle.

Julie Milot n’est pas la seule dans cette situation. J.E a répertorié plusieurs autres personnes qui ont eu le même problème avec SAAQclic.
Aucune obligation légale
La dame a fait une plainte à la SAAQ. Elle a demandé qu’on lui rembourse les inspections et qu’on lui fasse des excuses, en vain.
«L’envoi des avis de paiement et du certificat d’immatriculation au propriétaire d’un véhicule immatriculé est un service offert par la Société et ne comporte aucune obligation légale...» lui a répondu la SAAQ.
La SAAQ se défend
En entrevue avec J.E, le porte-parole de la SAAQ, Gino Desrosiers, avance que moins de 1% des courriels envoyés par la Société ne sont pas reçus, pour des raisons qu’elle juge hors de son contrôle.

La Société rejette toute responsabilité et affirme que son système indique que Mme Milot a bel et bien été notifiée. Or, l’organisation est en contact avec «les principales compagnies de serveurs pour normaliser davantage» l’envoi des courriels, précise M. Desrosiers.
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