Deux ans après la mort de Mariia: il faut un Protecteur en sécurité routière
Collectif de signataires
Le 13 décembre 2022, la petite Mariia, 7 ans, est morte, fauchée sur le chemin de l’école. Des parents de partout au Québec se sont mobilisés et ont créé Pas une mort de plus, un mouvement national réclamant des autorités la fin de l’insécurité routière sur les trajets scolaires.
Depuis, les mobilisations citoyennes ont contribué à améliorer la sécurité des trajectoires scolaires dans plusieurs communautés où la volonté politique était au rendez-vous et à adopter la loi 48. Celle-ci exige que les abords immédiats des écoles soient «sécuritaires», sans toutefois définir ce terme. En analysant les récents bilans routiers préoccupants, nous constatons que ça ne sera pas suffisant.
Nous estimons qu’un Protecteur en sécurité routière est nécessaire. Il existe un modèle fièrement québécois qui a fait ses preuves pour sauver des vies par la prévention: la CNESST. Celle-ci est responsable d’assurer la prise en charge de la sécurité des travailleurs grâce à une hiérarchie de mesures commençant par l’élimination du danger à la source, en exigeant des correctifs de la part des employeurs fautifs. Elle a permis au Québec de faire des avancées significatives en matière de santé et sécurité au travail dans les dernières décennies.
Vision zéro
Or, aucune loi ni institution n’encadre la sécurité routière de cette manière. Nous savons pourtant comment réduire les risques à la source dans ce domaine. L’approche Vision zéro, récemment adoptée par le Gouvernement, est claire sur la démarche systémique à adopter pour que les rues, les véhicules, les vitesses et les comportements préviennent les collisions graves et mortelles.
Il ne manque qu’une loi et un Protecteur qui la fait appliquer. C’est pourquoi nous réclamons que le Québec s’inspire de la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) pour adopter une loi sur la sécurité routière et qu’il nomme un Protecteur en sécurité routière pour veiller à son application.
La loi imposerait aux pouvoirs publics de se conformer à un règlement qui définirait avec précision les caractéristiques de sécurité minimales des différents milieux de vie, par exemple, la longueur maximale des traversées, ou la manière de séparer les piétons de la circulation motorisée.
Cette mesure permettrait de prévenir des décès d’enfants, comme ce garçon de 13 ans tué à Amos à la sortie de son autobus scolaire après avoir dû traverser une route affichée à 90 km/h. Étonnamment, la traversée d’une telle route est imposée à des enfants, alors qu’elle n’est pas autorisée aux éboueurs, puisque jugée trop dangereuse par la CNESST.
Inspecteurs
Des piétons et des cyclistes de tous âges sont tués ou gravement blessés à des endroits qui avaient été signalés, en vain, par la communauté, des experts et des coroners. Prenons l’exemple de ce garçon de 11 ans mort sur une rue où avaient eu lieu de multiples collisions et où sont installés deux vélos blancs.
Le rôle du Protecteur en sécurité routière serait de déployer des inspecteurs, d’identifier les zones dangereuses, de recevoir les plaintes des citoyens et les rapports de coroners, et d’exiger des correctifs de la part des gestionnaires des chemins publics. En outre, il tiendrait des statistiques sur les causes des collisions graves en incluant les aménagements déficients et la conception des véhicules comme causes possibles.
Si la SAAQ a pour fonction d’agir au niveau du comportement des usagers de la route, le Protecteur dont nous réclamons la création aurait un mandat plus large, touchant notamment la configuration des voies de circulation. En 2024, nous avons toutes les connaissances pour prévenir les décès évitables, mais l’absence d’une loi aussi forte que la LSST au niveau de la sécurité routière empêche que ces mesures soient appliquées systématiquement.
–Alexandra Deschênes, Jean-François Gagné, Katherine Korakakis, Joseph Lupien-Meilleur, Annie Mathieu, Ann-Julie Rhéaume, Virginia Roberge-Dion, Mylène Roy, Élisa Verreault et tous les autres parents bénévoles de Pas une mort de plus
–Marc Babin, président du Syndicat des brigadiers et brigadières scolaires de Montréal
–Frédéric Bataille, porte-parole de la Coalition mobilité active Montréal
–Douglas Bently, président du comité de parents de la commission scolaire Lester B Pearson
–Géna Casu, porte-parole au Collectif Vital, Association pour la santé publique du Québec
–Amandine Caudron, pour Mères au front
–Victoria Chavez, présidente du comité de parents de la commission scolaire Riverside
–Patricia Clermont, organisatrice et porte-parole de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME)
–Sandrine Degani, directrice de Piétons Québec
–Joanna Duy, présidente de l’Organisme de participation parentale de la Royal West Academy, l’école où deux enfants ont été frappés en octobre 2024
–Marie-Soleil Gagné, directrice générale, Accès transports viables
–Daniel Gardner, professeur à la Faculté de droit de l’Université Laval
–Katherine Korakakis, présidente du English Parents' Committee Association of Quebec
-Dominique Laflamme, directrice, Lab-École
–Ève Landry, comédienne
–Martin Lavallière, Ph. D., professeur au département des sciences de la santé, Université du Québec à Chicoutimi
–Sylvie Léonard, comédienne
–Jacinthe Latulippe, mère de Anaïs Renaud, victime piétonne en 2018 à l’âge de 11 ans
–Pierre Lavoie, cofondateur du Grand défi Pierre Lavoie et cofondateur du Lab-École
–Dominic Macameau, père de Nathan Macameau, victime piétonne en 2024 à l’âge de 13 ans
–Sylvain Martel, porte-parole du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec
–Samuel Milette Lacombe, porte-parole de l’Association de la mobilité active d’Ahuntsic-Cartierville
–Rosemary Murphy, présidente de la Quebec Federation of Home & School Association
–Louise Nadeau, présidente des brigadiers et brigadières de la Ville de Québec
–Rose-Marie Paradis, tante de Nathan Macameau, victime piétonne en 2024 à l’âge de 13 ans
–Jean-François Rheault, directeur général, Vélo Québec
–Patrick Robert-Meunier, président de l’Association des Centres de gestion des déplacements du Québec
–Catherine Ricard, mère de Jules Boutin, victime piétonne en 2019 à l’âge de 13 ans
–Christian Savard, directeur général, Vivre en Ville
–Mitchell Shein, médecin de famille, clinique Mednam à Lachine
–Clélia Sève, directrice générale du Regroupement des éco-quartiers de Montréal
–Howie Silberger, directeur de l’école Yeshiva Gedola, l’école du garçon tué dans le Mile End en novembre 2024
–Carl St-Denis, Collectif apaisement point de service Sainte-Marie
–Juan Torres, Ph. D., urbaniste, professeur titulaire à la Faculté de l’aménagement, Université de Montréal
–Jason Trudeau, président du comité de parents de la Commission scolaire English-Montréal
–Stéphanie Watt, codirectrice Metalude
–Samara Zavalkoff, pédiatre à l’Unité des soins intensifs avancés, Hôpital de Montréal pour enfants, et mère d’un adolescent blessé par un automobiliste