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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Détention d’Aung San Suu Kyi: ses proches saisissent l’ONU

AFP
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AFP

2022-05-25T12:14:42Z
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GENÈVE | Des proches de l’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi ont déposé mercredi une plainte contre la junte militaire birmane auprès d’un groupe de travail de l’ONU, pour dénoncer son «kidnapping judiciaire» depuis le coup d’État de février 2021. 

«À l’initiative du fils et de proches de Mme Aung Sang Suu Kyi, les avocats François Zimeray et Jessica Finelle, spécialisés en droits de l’Homme, ont déposé aujourd’hui une communication contre la junte militaire birmane au Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire», ont-ils indiqué dans un communiqué.

Ce groupe de travail, composé de cinq experts indépendants, avait fait parler de lui en 2016 en demandant la libération du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.

Aung San Suu Kyi, 76 ans, est détenue depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021 qui a mis fin à une décennie de transition démocratique en Birmanie.

Les avocats rappellent qu’» elle a été continuellement et illégalement privée de liberté par la junte dans un lieu inconnu depuis le 1er février 2021».

Dans leur requête, lue par l’AFP, ils affirment que «son arrestation était en tous points illégale, sa détention est dépourvue de tout fondement légal et les tribunaux de la junte violent les règles les plus fondamentales du droit au procès équitable».

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Pour les avocats de la lauréate du prix Nobel de la paix (1991), «c’est un tragique bon en arrière pour la Birmanie. À travers la personne d’Aung Sang Suu Kyi, c’est le peuple birman qui est bâillonné et l’aspiration démocratique dans ce pays qui est écrasée».

«Mise au secret»

Début mai, un tribunal de la junte au pouvoir en Birmanie a rejeté un appel de l’ancienne cheffe du gouvernement civil contre la peine de cinq ans de prison supplémentaires pour corruption qui lui a été infligée fin avril au cours d’un procès-fleuve, dénoncé comme politique par la communauté internationale.

Elle avait déjà été condamnée ces derniers mois à une peine de six ans de détention.

Elle est accusée d’une multitude d’infractions (violation d’une loi sur les secrets d’État datant de l’époque coloniale, fraude électorale, sédition, corruption...) et risque au total des décennies de prison.

Les avocats de ses proches demandent au groupe de travail de l’ONU de constater que sa privation de liberté «constitue une détention arbitraire».

«J’espère qu’ils se prononceront de façon ferme. C’est un groupe de travail qui fait autorité car il est technique, et pas politique», a indiqué à l’AFP l’avocat François Zimeray.

«Non seulement elle est jugée sur des prétextes très choquants, mais elle est, en plus, mise au secret. On est à la limite de la disparition forcée. On ne sait pas où elle est. Elle ne réapparaît que par épisodes à ses procès. C’est un kidnapping judiciaire», a-t-il dénoncé.

Le groupe de travail doit, dans un premier temps, dire si les conditions sont réunies pour qu’il se saisisse du dossier, avant de pouvoir se prononcer.

Même si elles sont «sans force exécutoire», les décisions du groupe de travail de l’ONU «sont charpentées comme de véritables arrêtés», a souligné M. Zimeray.

Le groupe de travail procède à des visites de pays afin d’évaluer la situation en matière de privation de liberté et enquête sur des cas présumés de détention arbitraire en adressant des appels urgents aux gouvernements ou en examinant des plaintes émanant de particuliers.

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