Désormais interdit par les talibans: jouer aux échecs

AFP
Le gouvernement taliban a ajouté à sa liste des activités interdites les échecs, assimilés jusqu’à nouvel ordre à un jeu d’argent, contraire à la loi sur les mœurs, a indiqué dimanche un responsable.
• À lire aussi: Exclure les femmes va coûter 6% de son PIB à l’Afghanistan
• À lire aussi: Moscou permet aux talibans de nommer un ambassadeur en Russie
• À lire aussi: La Russie retire les talibans de sa liste des organisations terroristes
Les échecs «sont considérés comme un moyen de parier de l’argent», ce qui est interdit d’après la Loi sur la Propagation de la vertu et la prévention du vice (PVPV) adoptée l’an dernier, a déclaré à l’AFP Atal Mashwani, porte-parole de la direction des Sports.
Faisant l’objet d’«enjeux religieux», «les échecs seront suspendus en Afghanistan tant que ces enjeux ne seront pas traités», a ajouté M. Mashwani, sans préciser la sanction en cas de violation.
Patron d’un café de Kaboul où les clients s’adonnaient volontiers à ce jeu, Azizullah Gulzada, 46 ans, indique qu’il fera respecter l’interdiction, mais ne se dit pas convaincu par les arguments religieux.

«De nombreux pays musulmans ont des joueurs d’un niveau international qui participent à des rencontres internationales», relève-t-il auprès de l’AFP.
«De nombreux [jeunes] venaient ici tous les jours, sans pari d’argent», ajoute-t-il, regrettant qu’ils aient désormais moins de prétextes pour se rassembler. «Les gens qui sont passionnés d’échecs sont possiblement tristes.»
Après avoir repris le pouvoir en 2021, les autorités talibanes ont progressivement imposé leur vision ultra-rigoriste de l’islam, interdisant certaines activités et certains sports.
En 2024, les compétitions de MMA (arts martiaux mixtes) ont été bannies, le gouvernement estimant qu’elles étaient trop «violentes» et «problématiques vis-à-vis de la charia», tandis que la pratique du cricket est encore très répandue, mais seulement chez les hommes.
Les femmes ont été progressivement ostracisées par les talibans qui leur ont interdit l’accès aux parcs, aux salles de sport, aux instituts de beauté et aux universités, poussant l’ONU à dénoncer un «apartheid de genre».