Déshéritée par ses parents, car elle a étudié en France


Rodger Brulotte
La réputée productrice de cinéma canadienne, Denise Robert, est connue pour différents films à succès des dernières années.
Elle est native de Eastview, une ville majoritairement francophone, qui est devenue en 1969 la ville de Vanier, une municipalité en bordure d’Ottawa. Lors de ses études au primaire, elle a remporté le concours pour justifier pourquoi la ville devrait porter le nom de Vanier. Elle se croyait riche, car on lui avait remis la somme de 10 $ pour avoir gagné le concours.
Son père, le Dr Maurice Robert, et sa mère Claire, se sont mariés après seulement 19 jours de fréquentation ; ils se sont établis à Rivière-Pentecôte, à l’ouest de Port-Cartier, où ils ont établi une clinique médicale.
Lors de leur retour, papa voulait aller en Europe, mais son père l’a convaincu d’aller pratiquer à l’hôpital Saint-Louis-Marie-de-Montfort, à Ottawa afin que les patients puissent être soignés en français.
Quel a été un beau moment que tu as partagé avec ton père ?
Sans aucun doute, la journée de Noël, car nous partions ensemble pour distribuer des paniers de Noël à certains de ses patients. J’en parle et j’ai encore la larme à l’œil.
Tu aimais jouer du piano avec ton père.
La musique, c’était ma façon d’exprimer mes sentiments. Je jouais le même morceau de musique que papa une fois qu’il avait terminé. Ensuite, je m’exprimais seule au piano avec des pièces musicales tristes ou joyeuses.
Comment se passaient les vacances familiales ?
Nous étions huit enfants qui visitaient différents endroits du Québec sans oublier le Village du père Noël, avec nos parents.
As-tu pratiqué beaucoup de sports ?
J’aimais le ski alpin, le ski de fond et je patinais sur toute la longueur du canal Rideau. J’ai toujours aimé lire, mais dans la bibliothèque à la maison nous avions seulement des livres de médecine qui m’ont permis d’analyser les différentes maladies. J’ai même songé à devenir médecin et aujourd’hui je continue à lire des livres de médecine.
Ton père jouait au golf.
Je ne comprenais pas comment un homme peut marcher en frappant une petite balle pendant quatre heures. Heureusement que mon conjoint, Denys Arcand, m’a inculqué la passion pour le golf, car aujourd’hui j’aime jouer au golf.
Comment se passait un samedi soir traditionnel chez toi ?
Mon père aimait le hockey, alors nous commencions avec le souper familial pour ensuite nous retrouver devant la télé et regarder le hockey du samedi soir. Moi, je profitais de l’occasion pour lire des livres sur la médecine, ce que j’aime encore faire aujourd’hui.
Tu as découvert une actrice formidable en Julie Christie.
J’étais toute jeune lorsque je suis allée voir le film Doctor Zhivago, ce qui m’a permis de découvrir cette formidable et jolie actrice, Julie Christie. Elle a été une source d’inspiration pour moi, car le cinéma, c’est mon monde imaginaire.
Tu as été déshéritée par tes parents, car tu voulais étudier en France.
J’avais 18 ans et je me suis inscrite au Musée des beaux-arts situé en Provence. Mes parents m’ont avisée que si j’allais étudier en France ils allaient me déshériter.
Es-tu allée en France ?
Oui. J’ai demeuré dans un appartement sur la rue Victor-Hugo, c’est-à-dire, en réalité, un appartement de la grandeur d’une garde-robe, sans électricité sauf un puits de lumière qui éclairait la chambre. À la suite de mon départ, oui, mes parents m’ont
déshéritée.
Les pigeons te réveillaient le matin.
Tous les matins, au son des pigeons qui picotaient sur le toit, je me réveillais. Malgré tout ce que je viens de partager avec toi, je trouvais mon expérience romantique.
Après un mois, tu n’avais plus de sous.
J’ai communiqué avec mes parents pour leur emprunter de l’argent et ils ne m’ont jamais répondu.
Le chien dégustait les restants et toi, du pain et de l’eau.
Le dimanche, j’accompagnais la propriétaire de l’immeuble au restaurant. Juste pour clarifier la situation, les chiens avaient le droit de s’asseoir à la table avec nous pour manger. Madame dégustait un excellent repas, le chien, Henri, mangeait les restants du repas de madame et moi un merveilleux festin de pain et d’eau.
Comment as-tu amassé de l’argent ?
Je faisais de l’entretien ménager et je devais laver des planchers sur les chantiers de construction.
La vente du piano a changé ta vie.
Un jour, j’ai appris que mon père avait vendu le piano, ce qui signifiait pour moi ma rupture officielle avec mes parents. C’est à ce moment que j’ai décidé qu’aucunement je n’allais faire plaisir à mon père et devenir médecin.
Le mot « non » faisait partie de ta famille.
Lorsque vous êtes huit enfants, le « non » fait partie des décisions familiales. Cependant, le « non » m’a permis d’apprendre à contourner la situation pour arriver à mes fins.
Une tapisserie des Troubadours a en quelque sorte changé ta vie.
Il y avait un monsieur à mes côtés. J’ai voulu l’impressionner avec mes connaissances, mais j’ai plutôt exprimé mon ignorance.
Qui est ce monsieur qui a influencé ta carrière ?
Un acteur et directeur artistique montréalais qui a consacré sa vie à la cause du théâtre canadien ; il a d’ailleurs fondé le théâtre du Nouveau-Monde. Il m’a enseigné le métier et les rudiments du septième art. C’était Jean Gascon.
Tu t’es acheté une cabane dans le bois avant ta voiture usagée
J’ai fait de l’auto-stop pour me rendre à ma cabane, pour ensuite m’acheter une Vega usagée, conduite manuelle.
Tu as une belle relation avec ton fils Carter et ton conjoint Denys Arcand.
Notre fils Carter, qu’on a adopté en Chine, nous permet de découvrir de si belles choses sur l’évolution de la société d’aujourd’hui et il est tellement dynamique. La relation avec son père est inspirante, car Denys est un bon père de famille. Je suis choyée de pouvoir compter sur eux, car fréquemment je partage de nouvelles choses qu’ils découvrent chaque jour.