Des vendeurs vivent l’enfer sur Facebook Marketplace: «On dirait que le monde ne sait pas vivre»


Alice Fournier
Vous êtes-vous déjà fait poser un lapin par un acheteur potentiel sur Facebook Marketplace? Rien d’étonnant: les utilisateurs de la plateforme manqueraient de plus en plus de savoir-vivre, selon deux vendeurs aguerris.
• À lire aussi: La rue Saint-Denis renaît grâce au seconde main: la destination friperies à Montréal
«On dirait que le monde ne sait pas vivre: me dire que tu vas passer à 18h30 aujourd’hui et qu’à 18h45 tu n’es toujours pas passé», dénonce un usager sur le forum de discussion Reddit.
«Foyer électrique comme neuf, valeur de 350$+tx. À vendre 120$. On m’offre 50$ et on me demande de livrer», écrit un autre.
«J’avais rendez-vous avec un dude pour venir chercher le morceau que je vendais. Je l’ai attendu toute la journée. Pas venu et pas donné de nouvelles...», déplore une autre personne.
Ces témoignages ne surprennent pas Rémy Devin. Celui qui est derrière le compte Instagram @legarsdesroues est un vendeur habitué de la plateforme.
«Nous sommes dans une ère du ghosting et les acheteurs n’ont plus aucune gêne à ne plus donner de nouvelles du jour au lendemain», déplore-t-il.
Il s’est lui-même fait ignorer par un acheteur alors qu’il avait fait 30 minutes de voiture pour vendre un objet.

«Ma mère est morte»
Rémy Devin affirme recevoir les pires excuses de gens qui n’osent pas lui dire qu’ils ne sont plus intéressés par ce qu’il a à vendre.
«Souvent, c’est “ma mère est morte” ou “j’ai crevé”», raconte-t-il.
«L’enfant malade qui doit aller à l’hôpital, c’est un classique», mentionne pour sa part Bob le roi du kitsch et du vintage, qui a longtemps utilisé Facebook Marketplace pour vendre les objets d’une autre époque qu’il accumule chez lui.

Celui qui utilise désormais la plateforme Etsy a développé des trucs pour éviter de perdre du temps avec des acheteurs peu sérieux.
«Les gens qui posent trop de questions, qui répondent, au contraire, au compte-gouttes ou qui envoient des messages très tard le soir, tu sais que tu ne vas rien leur vendre», explique-t-il.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Karima Brikh, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Pire sur Marketplace
Sur Facebook Marketplace, Rémy Devin remarque que les gens ne se sentent plus moralement responsables de répondre aux vendeurs qu’ils ont pourtant décidé de contacter.
«Les acheteurs vont parler à 10 vendeurs en même temps, donc ils ne se sentent pas obligés de répondre et vont jusqu’à bloquer certains d’entre eux [pour les empêcher de leur envoyer des messages]», affirme-t-il.
«Ce n’est pas comme avant où tu devais donner un numéro de téléphone ou te rendre sur place, alors les gens ne font plus d’effort», poursuit-il.
Les pires interactions que Bob le roi du kitsch et du vintage a eues sur Facebook Marketplace, c’est lorsqu’il avait des objets à donner.
«Ça m’est déjà arrivé de me faire insulter par une dame parce que je ne livrais pas la table que je venais de lui donner», se remémore-t-il.
Selon lui, la clé pour être un bon acheteur sur Facebook Marketplace, ou ailleurs, c’est l’honnêteté.
«Trois mots pour dire que tu ne pourras pas passer ou que tu n’es plus intéressé», insiste-t-il.