Des Ukrainiens au Québec depuis un mois: repartir à zéro avec cinq enfants
Les Mariichuk ont fui la guerre en Ukraine


Nora T. Lamontagne
Des milliers d’Ukrainiens ont fui la guerre pour s’installer au Québec. Pendant la prochaine année, Le Journal suivra la famille Mariichuk — Dmytro, Oksana et leurs cinq enfants — pour mieux comprendre les hauts et les bas du parcours de ces réfugiés.
Cela fait maintenant un mois qu’ils sont au Québec. Après le bonheur et le soulagement d’être arrivés à Repentigny, les Mariichuk réalisent qu’il leur faudra du temps avant de pouvoir se sentir chez eux.
«On comprend qu’on est loin de chez nous et de nos familles. C’est plus difficile que les premiers jours», souffle Dmytro Mariichuk, 35 ans et fier papa.

Avec sa femme et ses cinq enfants, il a abandonné leur petite maison de banlieue à Sviatopetrivske, «le Repentigny de Kyïv», dès les premières avancées de l’armée russe.
C’était bien avant de savoir qu’ils émigreraient au Canada, ou que de purs inconnus — Louise Jalbert et Roger Chenard — leur prêteraient gratuitement leur demeure de Lanaudière pour l’été.

«Ça a été un miracle», confie le réfugié ukrainien.
L’heure de la paperasse
Quand Le Journal a rencontré la famille à l’aéroport Montréal-Trudeau fin mai, autant les parents que leurs enfants de 2 à 14 ans étaient surtout épuisés par leur fuite.
«Les premiers jours, j’ai tellement dormi!» s’exclame d’ailleurs Anastasiia, l’aînée, qui a continué l’école ukrainienne à distance malgré tout.

Dmytro et Oksana, eux, se sont activés pour régler la paperasse de départ, avec la précieuse aide de leur hôte Louise.
La liste était interminable : ouvrir un compte en banque, inscription à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), inscrire Anastasiia, Daniil (13 ans), Nikita (13 ans) et Andrii (10 ans) à l’école, s’informer au sujet de la francisation...
Tout recommencer
Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour eux? Oksana et Dmytro échangent un regard lourd de sens.
«Je dois recommencer à zéro. À 35 ans», soupire le père de famille.
Dans son pays d’origine, il était un entrepreneur à succès dans le domaine de la vente d’acier de construction. Ici, il cherche toujours un emploi.

«J’ai une grande famille, et ça vient avec de grandes responsabilités. En Ukraine, on avait toutes sortes de projets, et ils ont tous disparu en l’espace d’une journée», regrette Dmytro, en s’excusant de chercher ses mots en anglais.
Pas plus tard que cette année, le couple avait acheté un terrain pour faire construire une maison à son goût.
Oksana a aussi dû abandonner sa propre entreprise de décoration de fête.
Pour autant, les Mariichuk sont déterminés à faire tout leur possible pour vivre une vie normale dans leur pays d’adoption.
Miia, leur blondinette de presque trois ans, gambade joyeusement dans le salon sans se rendre compte des sacrifices que cela implique.

«C’est plus facile pour elle. Elle est tellement petite», dit Dmytro, en souriant à sa vue.
DES DÉFIS À SURMONTER
Apprendre le français
Les Mariichuk ont déjà commencé les cours particuliers de français à raison de deux fois par semaine grâce à Céline, une amie de leurs hôtes. Mais ils partent de loin. «On a commencé avec l’alphabet [latin]», rigole M. Mariichuk, habitué à lire en cyrillique. Ils sont aussi inscrits à des cours de francisation en juillet.
Se faire des amis
Les enfants Mariichuk ont très hâte de se faire des amis dans leur nouveau pays. «Pour le moment, ils ne peuvent pas parler à personne de leur âge à cause de la langue», souligne Dmytro Mariichuk. Seul Andrii a fréquenté l’école primaire quelques jours, ce qui lui a permis de rencontrer d’autres enfants.
Se loger à plus long terme
La famille de sept a la chance d’habiter une maison de trois chambres à coucher pendant que ses propriétaires passent l’été au camping. «Mais éventuellement, il faudra trouver notre propre maison», s’alarme Dmytro Mariichuk qui n’a pas encore commencé les recherches en pleine crise du logement.
Trouver un emploi
Dmytro et Oksana cherchent tous deux des emplois, idéalement dans leur domaine, mais peut-être pas. Leur méconnaissance du français complique leurs démarches. Or, les dépenses continuent de s’accumuler depuis leur arrivée. «Pour l’épicerie, c’est environ 500 ou 600 $ par semaine, et on n’achète que le minimum», dit le père de famille.
Mieux connaître la culture
N’ayant jamais mis les pieds au Canada avant le 29 mai dernier, la famille de Dmytro et Oksana découvre tranquillement la vie au Québec, de Montréal à Repentigny. Ils ont d’ailleurs passé une superbe Saint-Jean-Baptiste dans un parc municipal et comptent en apprendre plus sur leur culture d’adoption dans les prochains mois.
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