Des transporteurs scolaires inspectent eux-mêmes les autobus de Lion Électrique

Louis Deschênes
C’est la course contre la montre pour les transporteurs scolaires du Québec, qui doivent inspecter 1200 autobus de Lion Électrique d’ici lundi.
Les compagnies de transport ont dû jongler avec leur horaire toute la journée vendredi pour répondre rapidement aux demandes des ingénieurs de Lion Électrique.
Les travaux d’inspection se poursuivront d’ailleurs toute la fin de semaine pour plusieurs entreprises.
Des ingénieurs ont fait parvenir des instructions précises afin que les transporteurs vérifient eux-mêmes le câblage électrique du panneau de commande du système de chauffage du véhicule.
Lors du passage du Journal, un employé d’Autobus Tremblay & Paradis, à Québec, s’affairait à inspecter des petits bouts de fils pour y trouver une irrégularité pouvant potentiellement mettre le feu au véhicule.

Tape électrique
«J’avais un connecteur ici. Regarde, j’ai mis du tape électrique là, parce que tu vois, le fil ici, je l’ai trouvé à découvert», montre Richard Leclerc.
«Il n’était pas à mon goût. Fait que moi, je vérifie pis je fais des correctifs que je peux faire», ajoute-t-il.
Cette modification a été inscrite dans le bulletin du véhicule qui sera transmis aux ingénieurs de Lion Électrique.
C’est le gouvernement qui apposera le sceau final pour le retour de cet autobus sur les routes de la Ville de Québec.
«Tant et aussi longtemps qu’on n’a pas le OK des ingénieurs d’en haut [de Lion], on ne pourra pas remettre les autobus en service», ont confié les entreprises contactées.
Pendant ce temps, à la société de transport Transco de Montréal, les employés n’ont toujours reçu aucune indication. «Vous, les journalistes, vous en savez plus que nous», nous a déclaré l’un d’eux.
Retour en classe?
Plusieurs dirigeants cherchaient des solutions en prévision de la reprise des classes lundi.
Pour ne pas avoir de mauvaise surprise, Pierre Tremblay gérait la situation comme si ses quatre autobus électriques allaient être hors service la semaine prochaine.
Il évaluait la possibilité de les remplacer par des véhicules thermiques comme il l’a fait vendredi.
«Quelles décisions ils vont prendre, je ne sais pas. C’est certain qu’ils vont vouloir se sécuriser aussi, avant de dire oui», analyse le propriétaire d’Autobus Tremblay & Paradis.
Le Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin (CSSBE) a déjà confirmé le retour en classe lundi.
Toutefois, deux véhicules inspectés par les transporteurs de la Beauce ne passaient pas le test vendredi midi.
«Des modifications qui seront effectuées durant la fin de semaine», a fait savoir le CSSBE.
Au Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB), à Montréal, rien ne semblait certain pour lundi.
«Considérant que les informations peuvent évoluer au cours des prochains jours, nous vous invitons à consulter le site internet du CSSMB.»
Quelle est l’entente entre Québec et Lion?
Fin mai, un groupe d’investisseurs mené par Vincent Chiara (Mach Capital), l’entrepreneur Pierre Wilkie et le financier Claude Boivin a racheté Lion pour 6 M$.
Un mois avant, Québec avait cessé son soutien financier à l’entreprise, qui avait déjà reçu environ 200 M$ en aides.
Lion garde accès à un programme de subventions de 480 M$ pour l’achat d’autobus.
L’État québécois offre 240 000$ par véhicule (coût: 350 000$), mais les transporteurs ne sont plus obligés comme avant de choisir un bus électrique quand ils doivent acquérir un nouveau véhicule.
–Avec la collaboration de Francis Halin et David Descoteaux
Des anomalies recherchées
- Tout signe de frottement ou d’abrasion des fils
- Signe de surchauffe d’un connecteur fondu
- Décoloration de l’isolation électrique
- Bulles ou déformation de la gaine isolante des fils
- Toute corrosion sur les bornes ou les contacts
- Présence d’un objet étranger
*Source : Fiche d’inspection de Lion Électrique
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