[EN IMAGES] Des trafiquants montréalais alimentés en cocaïne par les dangereux cartels mexicains ont été filmés en flagrant délit par la police
Les cartels du Mexique contrôlent maintenant l’approvisionnement du marché québécois de la coke
Eric Thibault, Félix Séguin, Marc Sandreschi et Jean-Louis Fortin
Fentanyl, cocaïne, méthamphétamine; le fléau du trafic de stupéfiants est revenu au coeur de l’actualité depuis l’élection du président américain Donald Trump. Notre Bureau d’enquête s’est rendu au Mexique, dans le fief des plus gros cartels de drogue au monde. Nous avons aussi découvert à quel point ces organisations sont désormais bien implantées au Québec.
Les dangereux cartels mexicains de la drogue, à qui Donald Trump a déclaré la guerre à défaut de pouvoir leur imposer des tarifs, contrôlent dorénavant l’approvisionnement de la cocaïne au Québec, où ils comptent plus de collaborateurs que jamais.

La quasi-totalité des enquêtes d’importation de stupéfiants que mènent actuellement les forces de l’ordre du Québec implique ces cartels du Mexique, qui sont aussi pointés du doigt pour avoir causé des milliers de décès par surdoses de fentanyl, selon des informations de notre Bureau d’enquête qui font l’objet de l’émission J.E ce vendredi, à TVA.

«Les cartels mexicains s’assurent qu’on achète à eux, plutôt qu’à un autre. Et ils ont besoin d’assurer une présence ici pour que ça fonctionne comme ils le désirent», a fait remarquer le commandant Francis Renaud, de la Division du crime organisé à la police de Montréal (SPVM), en commentant leur présence grandissante chez nous.

En flagrant délit
Ça fonctionnait très bien pour un réseau montréalais auquel les cartels ont acheminé près d’une tonne de cocaïne (870kg) pour une vingtaine de millions de dollars, entre 2021 et 2022, avant que le SPVM ne s’en mêle.

Une dizaine de suspects, tous nés ici et qui ont grandi dans la métropole, ont été épinglés et condamnés dans l’opération AUXO – un préfixe grec qui signifie «croissance».
Plusieurs trafiquants ont même été filmés à leur insu en plein travail par les policiers. Notre Bureau d’enquête a pu obtenir quelques-uns de ces enregistrements.
On y voit Maxime Renault, le numéro 2 du réseau, sourire aux lèvres, et Marie-Pier Archambault, qui touchait un salaire de 500$ par jour en tant que «secrétaire», en train de compter des liasses de billets de 20$ et de 100$ provenant du trafic de drogue.

On aperçoit aussi Sami Hashemi Pour, qui déambule dans une rue du Vieux-Montréal avec un sac de sport contenant des kilos de cocaïne d’une valeur de plusieurs dizaines de milliers de dollars.

Et Kepler Philogène, un ex-joueur de football du Rouge et Or de l’Université Laval, filmé alors qu’il sort d’un immeuble servant de planque au réseau avec des sacs d’épicerie et une «poche» de hockey remplis d’argent sale , dans le quartier Ahuntsic.

Le chef en fuite au Mexique
Une partie de cet argent a servi à acheter des armes à feu, dont un fusil d’assaut de type AR-15, d’après le SPVM.

«J’ai honte», avait plaidé Marie-Pier Archambault après s’être reconnue coupable, elle dont le frère est mort d’une surdose de crack. Elle a écopé de près de trois ans d’incarcération en janvier dernier.
L’un des accusés, Alex Lacasse, qui s’occupait d’une cache de stupéfiants où le SPVM a confisqué 21 kilos de coke dans cette enquête, était le conjoint d’une policière de Laval au moment de la saisie. Il a été condamné à 45 mois de pénitencier.

Seul le chef présumé du réseau, Emmanuel Puthyra Roy, a pu échapper à la police.
Le fugitif de 37 ans, qui est sur la liste des 10 criminels les plus recherchés du Québec, se cacherait d’ailleurs au Mexique, d’après la police.

Monopole du cartel d’El Chapo
Selon nos renseignements, presque toute la cocaïne vendue sur le marché de la drogue à Montréal et au Québec passe maintenant par le cartel de Sinaloa, autrefois dirigé par le célèbre «El Chapo» Guzman.
Le cartel de Sinaloa s’est pratiquement assuré le monopole de l’acheminement de cette drogue sur tout le continent, en concluant des alliances avec d’autres cartels mexicains.
Leurs émissaires ne prononcent jamais le mot «cocaïne», préférant parler de «produit».
«Il y a beaucoup de gens au Canada, à Montréal, qui nous soutiennent ou qui nous prêtent leurs entreprises pour qu’on assure le transport [du produit]», a déclaré un membre du plus puissant des cartels mexicains à nos journalistes dans une entrevue réalisée à Culiacan, plus tôt cet hiver.