Tarifs sur le milieu pharmaceutique: des dommages comparables à ceux de la pandémie
Zoé Arcand
La chaîne d’approvisionnement en santé et en pharmaceutique est menacée par les tarifs, qui pourraient causer des dégâts comparables à ceux de la pandémie, craint un représentant des entreprises.
«Quand la pandémie est arrivée, ça a causé plein de bouleversements dans la chaîne d’approvisionnement et c’est ce qui va se passer avec les tarifs douaniers», s’inquiète Benoît Larose, PDG de BIOQuébec, qui représente principalement les secteurs de la biopharmaceutique et de la biotechnologie.
S’il n’est pas encore clair si cette industrie est frappée par les tarifs en vigueur depuis hier, «c’est certain que ça s’en vient», constate Éric Gervais, directeur du Groupe pharmaceutique Duchesnay (GPD), dont le siège social est à Blainville.

Une chaîne d’approvisionnement globale
«Ce sera 25% et plus, et cela augmentera considérablement au cours d’une année», menaçait le président américain, en février, au sujet de droits de douane sur l’industrie pharmaceutique.
«À la fin, c’est toujours le patient qui va payer», met en garde M. Gervais.

Car la chaîne d’approvisionnement des médicaments est globalisée de manière «comparable à celle de l’automobile», selon le PDG de BIOQuébec.
Il craint que ces mesures n’entraînent des pénuries de médicaments ainsi qu’une augmentation des coûts.
Comment riposter?
Le directeur du Centre des politiques en propriété intellectuelle de l’Université McGill, Richard Gold, suggère que le Canada réponde à la menace à la sécurité nationale que représentent les tarifs en s’attaquant aux brevets américains dans des secteurs comme le pharmaceutique et l’intelligence artificielle.
«De manière totalement légale, le gouvernement peut donner le droit d’utiliser une invention brevetée en payant des frais minimes, beaucoup moins significatifs que l’impact qu’auront les tarifs», explique-t-il.
Éric Gervais, lui, espère que les gouvernements seront «intelligents» par rapport aux contre-tarifs qu’ils vont imposer.
Car le marché américain représente environ le tiers de ses revenus. Le Canada représente un autre tiers.

Il est certain que son entreprise va écoper de la guerre tarifaire, «mais on choisit de voir le verre à moitié plein», explique-t-il, fier d’avoir misé sur la diversification de son marché comme moyen de résistance.