Des syndiqués de la construction résidentielle font fermer les chantiers


David Descôteaux
Les rares chantiers encore en activité pendant la grève de la construction résidentielle reçoivent la visite d’une escouade de syndiqués pour les convaincre des bienfaits de la grève.
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«On fait ça pour qu’on soit plus solidaire. Parce que si on ne fait pas la grève, puis on continue à travailler, c’est pas mal impossible qu’on obtienne une augmentation de salaire qui reflète le coût de la vie», dit Youri Palardy, un charpentier qui a entre autres visité jeudi, avec ses collègues, des chantiers de condos à Saint-Mathias-de-Richelieu et à Belœil. Il assure toutefois que les échanges sont cordiaux et qu’on est loin des confrontations d’antan sur les chantiers.
Le Journal a constaté sur les lieux que les syndiqués, n’ayant rien de gros bras, distribuent plutôt des feuillets d’information... avec politesse et en serrant la main.

«Avant, ça jouait plus fort et ça criait fort, mais maintenant on sent que c’est différent. À date ça se passe bien, c’est vraiment plus cool. On se présente en grand nombre et parfois, on fait juste rester en avant du chantier. Mais juste faire ça, c’est dérangeant, les gens travaillent moins vite et nous regardent, mais ça se passe super bien», assure M. Palardy.
Il n’y a pas eu d’altercation, dit-il, mais comme ils sont nombreux à se présenter (une dizaine à la fois), les travailleurs présents sont «sensibilisés». «Ils savent que ça a rapport avec leurs payes eux aussi», dit-il.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Par un pur hasard hier matin, Le Journal a assisté à leur arrivée et leur conversation avec un entrepreneur au travail avec son équipe sur le chemin des Patriotes.
Youri Palardy a serré la main de l’entrepreneur, a échangé un peu et est reparti calmement rejoindre son groupe.
Aucune insulte, aucune menace.
L’entrepreneur a ensuite refusé sèchement de répondre à nos questions.
Ça pourrait durer longtemps
La présence de plusieurs travailleurs dans la vingtaine et la trentaine fait en sorte que la grève pourrait durer plus longtemps qu’on le croit, estime Youri Palardy.
«Eux, ils voient bien le coût de la vie et voient que leurs amis gagnent beaucoup plus d’argent en faisant des jobs plus faciles, explique-t-il. Et ils sont au courant que ça en prend de l’argent pour plus tard, alors ils sont souvent plus motivés que les anciens».
Le nerf de la guerre pour les travailleurs du secteur résidentiel, c’est d’avoir une augmentation équivalente à celles qu’ont obtenues les travailleurs dans les secteurs commercial et institutionnel.
Des acheteurs inquiets
En ce moment, plusieurs futurs propriétaires s’inquiètent d’obtenir les clés de leur maison plus tard que prévu. L’Alliance syndicale, qui représente les travailleurs en grève, veut rassurer la population.
«L’Alliance syndicale comprend bien les inquiétudes des gens qui attendent une maison. On les invite d’ailleurs à faire part de leurs préoccupations à leurs promoteurs immobiliers et à leurs entrepreneurs, qui, on l’espère, pourront faire pression auprès de leur association patronale pour l’avancement des négociations», dit Alexandre Ricard, porte-parole de l’Alliance syndicale de la construction.
«Nos membres sont fiers de bâtir les maisons du Québec et on a hâte de s’y remettre. Sans salariés, la crise du logement va perdurer. Si le résidentiel n’est pas concurrentiel, il n’y aura personne pour bâtir les maisons», ajoute-t-il.
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