Des SQDC ouvertes jusqu’à 22h pour contrer le marché noir


Patrick Bellerose
Des succursales de la Société québécoise du cannabis ouvriront désormais tard en soirée pour éviter que les clients se tournent vers le «pusher» du coin quand ses magasins ferment à 17h, comme c’est le cas présentement la fin de semaine.
Le ministre Christopher Skeete a prévu ce changement dans le projet de loi 85 sur l’allègement réglementaire, qui a fait l’objet de consultations particulières cette semaine à Québec.
Présentement, les comptoirs de cannabis sont ouverts de 10h à 21h en semaine et doivent fermer à 17h la fin de semaine.
La SQDC souhaite désormais garder une quinzaine de succursales ouvertes jusqu’à 22h, principalement les vendredis et les samedis, sur la centaine de points de vente en activité. On vise surtout Montréal et Québec, même si d’autres régions pourraient également bénéficier de ce nouvel horaire.
Techniquement, la modification prévue dans le projet de loi permet des heures d’ouverture de 8h à 23h «tous les jours de l’année», mais un tel horaire n’est pas dans les cartons, assure la SQDC.
Pas question, non plus, d’ouvrir les portes aux consommateurs à sec après la dinde aux atocas, le jour de Noël, ou tout autre jour férié.
Comme la SAQ
Avec ces modifications, la SQDC dit vouloir couper l’herbe sous le pied au marché noir du cannabis.
L’enjeu principal survient le samedi, quand les succursales ferment leurs portes à 17h, pour respecter les heures légales d’ouverture des magasins. À ce moment-là, «on voit la clientèle se tourner vers le marché illégal», dit sa porte-parole Chu Ann Pham.
La société souhaite également harmoniser ses heures d’ouverture avec la SAQ, dont elle est une filiale. Pour y arriver, elle doit bénéficier d’une exemption, comme c’est le cas pour la société des alcools et les épiceries.
Attitude nouvelle
Ces nouveaux horaires étendus détonnent avec l’attitude du gouvernement Legault au début de son premier mandat, en 2018.
Après la légalisation du cannabis par le gouvernement Trudeau, les troupes caquistes s’étaient montrées frileuses face à la nouvelle réglementation.
Le ministre Lionel Carmant avait d’ailleurs fait passer l’âge légal pour acheter du cannabis de 18 à 21 ans dès son arrivée en poste.
«À la CAQ, le cannabis, c’est légal, mais ce n’est pas banal», martelait le ministre responsable des Services sociaux pour défendre son approche prudente.
Sept ans plus tard, la SQDC commence à lâcher du lest.
Un peu à l’image de l’austère Commission des liqueurs de Québec qui a fait place à la SAQ au fil des ans, la SQDC mise désormais sur des concepts à aire ouverte pour ses nouveaux magasins, plus invitants que les premières succursales beiges avec les produits inaccessibles derrière les comptoirs.
Les résultats financiers démontrent également que les ventes se portent bien. Hier, la société rapportait un profit de 40,5 M$ pour le dernier trimestre, contre 33 M$ pour la même période l’an passé.
Résultats au dernier trimestre
- Ventes totales: 235,9 M$
- Cela représente 47 843 kg de cannabis.
- Prix de vente moyen enregistré: 5,67$/gramme
- La SQDC compte présentement 101 succursales.
*Trimestre prenant fin le 4 janvier 2025
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.