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L'article provient de TVA Nouvelles

Des sans-abri s’opposent à leur évacuation

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Nora T. Lamontagne | Journal de Montréal

2020-12-07T06:00:00Z
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La majorité des sans-abri qui campent toujours aux abords de la rue Notre-Dame n’ont aucune intention de quitter les lieux sans avoir accès à un logement, malgré un avis d’évacuation d’urgence décrété dimanche par les autorités.

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« Ça n’a pas de bon sens, nous mettre dehors de dehors », s’insurge Benoit Sergerie, arrivé au campement avec sa conjointe en octobre dernier. 

Ses voisins sont nombreux à partager son indignation, mais surtout sa détermination à continuer à vivre, coûte que coûte, sur le terrain vague où il a temporairement élu domicile en l’absence d’une meilleure option.

Ni le froid de décembre ni une offre d’hébergement en refuge ne pourra le faire changer d’avis.

« On est déterminés à coucher ici si on n’a pas un appartement ou [une place en] HLM », affirme-t-il. 

« C’est pas un refuge qu’on veut, c’est des logements ! » renchérit Michel « Pitbull », qui campe depuis juillet. « Un refuge, ça vient avec des restrictions et des règlements. J’ai 51 ans, tu me diras pas comment vivre. »

Signal d’alarme 

Au lendemain d’un feu qui a réduit en cendres une tente sans faire de blessés, le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) a néanmoins jugé nécessaire de demander le démantèlement du campement érigé cet été.

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Un avis d’évacuation d’urgence a été lu à voix haute à une cinquantaine de campeurs « purs et durs » dimanche en début d’après-midi.

Les risques d’incendie sont multipliés par l’usage des poêles à gaz, des génératrices, des systèmes de chauffage d’appoint ou même des bougies, a expliqué Louise Desrosiers, chef de section du SIM, pour justifier cette décision. C’est d’ailleurs une chandelle renversée qui est à l’origine du feu de samedi. 

« On ne va pas mettre les gens dehors du campement. On est dans une approche de sensibilisation », a-t-elle assuré. 

Les policiers de Montréal et des représentants du ministère des Transports, propriétaire du terrain, étaient aussi présents dimanche pour discuter avec les itinérants.

Seules trois ou quatre personnes sans-abri avaient décidé de plier bagage vers un refuge en fin d’après-midi. 

Une question de sécurité 

« Ce n’est pas une décision politique », a pour sa part insisté le maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, lors d’une entrevue à TVA Nouvelles, en mentionnant que l’ordre d’évacuation émanait du SIM pour des raisons de sécurité, et non directement de la Ville de Montréal. 

« Ce qui est accablant, c’est qu’un 6 décembre, on n’ait pas réussi à loger plus de gens et qu’on leur demande maintenant de se tourner vers des refuges d’urgence », souligne Catheryn Roy-Goyette, présidente de CARE Montréal. 

Campement Notre-Dame  

27 juillet : Une dizaine d’itinérants érige un campement de «huit» tentes sur le site. 

21 août : Une pétition pour sauver le campement voit le jour.

25 août: On observe une quarantaine de tentes sur ce site. Le nombre grimpera jusqu’à 123 à l’automne. 

27 août : Valérie Plante annonce l’ouverture de trois sites d’hébergement d’urgence, représentant 850 chambres, invitant par le fait même les itinérants du campement à s’y diriger.

24 novembre : La Ville lance une «mise à l’abri solidaire» avec des intervenants pour convaincre les sans-abris à joindre des ressources. Une soixantaine de tentes sont toujours sur place.


Il n’a pas été possible de savoir dimanche quelles mesures seront prises pour faire respecter l’ordre d’évacuation.

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