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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Des résidents qui ont mal à leur Vieux-Québec

Jocelyn Gilbert, président du conseil de quartier du 
Vieux-Québec–Cap-Blanc et colline Parlementaire, et 
Michel Masse, président du comité de citoyens du 
Vieux-Québec.
Jocelyn Gilbert, président du conseil de quartier du Vieux-Québec–Cap-Blanc et colline Parlementaire, et Michel Masse, président du comité de citoyens du Vieux-Québec. Photo Karine Gagnon
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Photo portrait de Karine Gagnon

Karine Gagnon

2025-07-18T04:00:00Z
2025-07-18T04:10:00Z
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«Enfin!» se sont écriés Jocelyn Gilbert et Michel Masse, citoyens engagés du Vieux-Québec, lorsqu’ils ont pris connaissance de ma chronique où je déplorais, le 4 juillet, l’état lamentable de certains bâtiments de la rue Saint-Louis, porte d’entrée de ce secteur névralgique et chargé d’Histoire.

«Ça vient nous confirmer à nouveau qu’il n’y a pas que les résidents qui s’inquiètent pour notre Vieux-Québec», souligne Jocelyn Gilbert, président du conseil de quartier du Vieux-Québec—Cap-Blanc—Colline parlementaire.

Car qu’on soit citoyen de Québec ou résident du Vieux-Québec, on entretient tous une relation d’affection avec ce quartier particulier, signale ce retraité, qui habite le Vieux-Québec depuis 12 ans.

Son collègue Michel Masse est président du Comité des citoyens du Vieux-Québec, où il réside depuis près de 30 ans.

Ces deux citoyens engagés ont mal à leur Vieux-Québec. Et ils sont loin d’être les seuls.

M. Masse soutient que les irritants se sont accrus progressivement, depuis les fêtes du 400e, en 2008, et ont mené plusieurs résidents à déserter le secteur.

En témoigne leur nombre en constante décroissance, qui est passé de 5500 en 2001 à 5200 en 2008 et 4600 en 2021, selon les plus récentes données obtenues.

Nombreuses propositions

M. Gilbert note qu’on dépense des dizaines de millions de dollars par année en fonds publics pour attirer 4,3 millions de visiteurs. On vante le produit et c’est très bien, exprime-t-il, mais qui s’en occupe?

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Depuis deux ans, les deux organisations ont soumis plusieurs constats et propositions à la Ville de Québec, soucieuses de «redonner au Vieux-Québec la splendeur et la notoriété qu’il mérite».

Ainsi, ils observent que la réglementation est trop souvent bafouée en ce qui concerne la pollution sonore, l’affichage commercial et les mises en lumière.

Ils donnent l’exemple de l’édifice Price, sur lequel on ne compte plus que quelques lumières, et de fortifications plongées dans le noir.

La gestion des matières résiduelles laisse à désirer, ce qui résulte en un Vieux-Québec trop souvent sale et envahi de déchets.

Les lieux et places publiques souffrent selon eux d’un entretien déficient. J’ai moi aussi remarqué l’état déplorable de la magnifique fontaine de la place de la FAO, au coin Saint-Paul, Saint-Pierre et Sault-au-Matelot. Elle ne fonctionne que très partiellement, et c’est très dommage. Comment justifier cela?

Puis, les citoyens remarquent la quasi-absence de policiers qui patrouillent dans le Vieux-Québec. Il en résulte, selon leurs observations, une montée de l’intimidation tout comme la présence de véhicules bruyants pourtant interdits dans le secteur.

«Les gens l’oublient, mais les motos sont interdites dans le Vieux-Port et le Vieux-Québec. Et pourtant, nous estimons que plus de 200 motos par jour y circulent sans qu’il n’y ait jamais aucune intervention policière», signale M. Gilbert.

Le comité de citoyens et le conseil de quartier ont aussi uni leurs efforts pour réclamer que les musiciens de rue doivent désormais chanter en français sur deux des 52 sites du Vieux-Québec. C’est le cas à Place Royale et au parc Félix-Leclerc.

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Ils remarquaient depuis longtemps la présence forte de l’anglais partout, que ce soit devant les portes de commerce ou dans «la bouche de la quasi-totalité des artistes de rue».

Ils saluent l’engagement de l’administration Marchand à ce sujet. Comme le signale M. Masse, ils n’en sont pas revenus – tout comme moi d’ailleurs –, de voir que des élus de l’opposition s’élevaient contre la mesure lors du dernier conseil municipal avant la rentrée.

Brin de fierté

MM. Masse et Gilbert soulignent l’ouverture et l’écoute de la part de la Ville de Québec, dont l’objectif de ramener 500 résidents d’ici 2028 chemine. Ils déplorent cependant que les actions tardent souvent à être mises en branle.

Ils expliquent notamment cette lenteur par le manque et même l’absence dans bien des cas de cohésion entre la Ville, Parcs Canada, la Commission de la capitale nationale et la Commission des champs de bataille nationaux. Tous ont pourtant un lien très fort, et c’est le Vieux-Québec.

Fait à noter: la plupart des propositions des groupes de citoyens, qui consistent surtout à appliquer des règles ou à les renforcer, ne coûteraient rien ou à peu près rien. Qu’un brin de fierté, bien sûr, comme le remarque, avec un clin d’œil, le président du conseil de quartier.

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