Des propriétaires de Laval floués par un entrepreneur en construction


Louis Deschênes
Des propriétaires de duplex à Laval vont perdre des dizaines de milliers de dollars après avoir payé pour des travaux qui n’ont jamais été réalisés par un entrepreneur en construction qui vient de déclarer faillite.
«Nous avons été floués par un entrepreneur qui finançait ses opérations sur le dos de ses clients», rage Marcel Gagnier, qui a perdu près de 60 000$.
M. Gagnier n’est pas le seul client brimé par Construction JMQ, l’entreprise de Jonathan Quirion Major.
Dans l’avis de faillite de ce dernier, Le Journal a pu constater qu’une dizaine de particuliers ont avancé plus de 210 000$ à leur entrepreneur sans que les travaux soient effectués en totalité.
«Je suis dévasté, admet Gary Sarrazin, un propriétaire de Laval floué de 29 000 $, selon le document légal.
«Non seulement il nous doit de l’argent, mais les travaux déjà faits sont mal faits», dénonce-t-il.
En ajoutant les sommes dues aux fournisseurs et aux institutions bancaires, le montant de la faillite s’élève à 279 000 $.
«J’ai senti l’arnaque»
En août dernier, la maison à logements de Marcel Gagnier, sur la rue Milan à Laval, a été inondée pendant que la région de Montréal était frappée par un déluge.

Le propriétaire entame alors des démarches pour rénover sa propriété et il signe un contrat avec Construction JMQ.
Le client verse un premier montant de 18 500$ le 3 septembre pour le début des travaux, avant de débourser 16 759$ quelques jours plus tard à la réception de son chèque d’assurances.
C’est à partir d'une commande de deux portes-fenêtres coulissantes et d'une fenêtre qui devaient se faire le 17 septembre que M. Gagnier commence à se poser des questions.
Même si l'entrepreneur demande un autre versement de 10 000$ pour cet achat, ce n'est que le 22 octobre qu'il commandera les trois items.
Dernièrement, M. Gagnier a obtenu le bon de commande du magasin de portes et fenêtres confirmant cette date.
Mais en novembre, l'entrepreneur inventait toutes sortes d'histoires pour expliquer les délais de livraison.
«Il n’a jamais voulu téléphoner le fournisseur devant moi, prétextant que c’était fermé pour des vacances. J’ai senti l’arnaque.»
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Délais interminables
Au total, il a versé 85 000$ sur une facture de 90 000$, mais huit mois après l’inondation qui a jeté deux locataires à la rue, très peu de travaux ont été faits.
«Tu continues de payer parce que tu veux que les travaux se fassent. J’étais coincé et j’avais des locataires aussi qui voulaient retrouver leur logis.»
Pendant des semaines, il tentait de contacter l’entrepreneur, qui se défilait.
Même chose pour Le Journal, qui s’est buté à la boîte vocale à quelques reprises au mois de mars.
À 68 ans, M. Gagnier a finalement décidé de réaliser lui-même une partie des rénovations pour limiter les pertes.
Les recours
Les clients floués ont entamé des démarches, déposant une plainte à la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) et faisant parvenir une mise en demeure à l’entrepreneur, comme le propose l’Office de la protection du consommateur.
De plus, chaque entrepreneur en construction qui veut obtenir une licence de la RBQ doit débourser 40 000$ en cautionnement.
Ce montant vise notamment à indemniser tout client qui a subi un préjudice à la suite de l’inexécution des travaux de construction découlant directement des acomptes versés.
«Quarante mille dollars, c’est ridicule, c’est insuffisant pour rembourser tout le monde», souligne Marcel Gagnier, qui évalue toutes les options pour récupérer son argent.
Dans un échange de courriels, la RBQ confirme qu’elle ne peut commenter les plaintes reçues.
Conseils avant de confier des travaux à un entrepreneur en construction
- Signer un contrat de rénovation détaillé;
- Le contrat doit préciser les modalités de paiement;
- Le prix total des travaux doit être inscrit;
- S’assurer que l’entrepreneur a une licence de la RBQ.
(Source: Régie du bâtiment du Québec)
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.