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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Des producteurs de tomates écrasés par le dumping mexicain: «Ça va faire mal»

Le bras de fer tarifaire du président Donald Trump pourrait venir gâter la sauce ici

Le producteur québécois de tomates Robert Thérien.
Le producteur québécois de tomates Robert Thérien. Photo Mathieu Boulay
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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2025-08-12T04:00:00Z
2025-08-12T09:30:49Z
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Des producteurs de tomates se sentent écrasés par la guerre que livre en ce moment le président américain contre le fruit mexicain.

• À lire aussi: Le prix des tomates mexicaines risque d’exploser aux États-Unis 

• À lire aussi: États-Unis: les tomates mexicaines visées par 17% de droits de douane 

À la mi-juillet, les Américains ont annoncé des droits de douane de 17% sur les tomates importées du Mexique.

Or, ce conflit entre Donald Trump et la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum risque de se répercuter sur nos tablettes.

Si les Mexicains n’arrivent pas à écouler leurs fruits là-bas, ils vont finir par les envoyer ici. Cela va tirer les prix à la baisse et faire mal à nos producteurs.

«Tout a augmenté, mais je vends ma tomate moins chère aujourd’hui qu’il y a quatre ans», se désole Robert Thérien, propriétaire des Serres Point du Jour, à L’Assomption, au cœur de la circonscription du premier ministre François Legault.

«Monsieur Legault a fait une maudite bonne job avec l’autonomie alimentaire à la pandémie. Mais maintenant, c’est loin d’être doré», confie l’agronome.

Le producteur de tomates Robert Thérien.
Le producteur de tomates Robert Thérien. Photo Mathieu Boulay

Principaux fruits et légumes produits en serre au Québec.
Principaux fruits et légumes produits en serre au Québec. Illustration fournie par le MAPAQ

Au Québec, on dénombre 624 entreprises de fruits et légumes de serre qui s'ébaudissent sur une superficie de 151 hectares, l'équivalent de 210 terrains de football. Cela génère des recettes de 191 M$, selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).

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• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Isabelle Perron, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«C’est sûr que j’ai peur»

Ces derniers jours, La Terre de chez nous a ouvert la boîte de Pandore en évoquant les conséquences du dumping mexicain qui s’en vient.

«Avec le 17%, on a peur. C’est sûr que j’ai peur. Je suis craintif», soupire Robert Thérien des Serres Point du Jour.

À une centaine de kilomètres de là, à Sainte-Clotilde, Sylvain Terrault, président du géant Gen V, s’inquiète lui aussi pour l’automne prochain.

Sylvain Terrault, président du géant Gen V.
Sylvain Terrault, président du géant Gen V. Photo Chantal Poirier

«On se bat contre le froid, contrairement au Mexique, où il fait chaud tout le temps, dit-il. Alors, si on arrive en plus avec les tarifs de Trump qui créent un déséquilibre, on n’est pas sorti de l’auberge.».

Pour Guy Milette, vice-président exécutif du distributeur Courchesne Larose, il y a cependant plus de peur que de mal.

Selon lui, les Québécois sont déjà divisés quand vient le temps de choisir un produit en épicerie. Cela ne changera donc pas grand-chose, pense-t-il.

Il donne l’exemple des différentes approches liées aux droits de douane.

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Guy Milette, vice-président exécutif du distributeur Courchesne Larose.
Guy Milette, vice-président exécutif du distributeur Courchesne Larose. Photo AGENCE QMI

Principales régions productrices de fruits et légumes en serre, en superficie.
Principales régions productrices de fruits et légumes en serre, en superficie. Illustration fournie par le MAPAQ

«Il y en a qui ne veulent rien savoir des produits américains. Il y a ensuite ceux qui aimeraient boycotter leurs produits, mais qui n’en ont pas les moyens. Et il y en a qui s’en foutent, du boycottage», résume-t-il.

«C’est le consommateur qui a le dernier mot», insiste-t-il.

Une enquête antidumping?

Au cabinet du ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, on dit que si le dumping s’avère, les producteurs de serres pourront exiger une enquête antidumping au Tribunal canadien du commerce extérieur.

André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).
André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Photo Francis Halin

«Les programmes de gestion des risques en place sont disponibles pour soutenir les producteurs en cas de baisses de prix», indique-t-on.

«Le taux de compensation du programme Agri-stabilité a d’ailleurs été revu à la hausse pour 2025, passant de 80% à 90% de la baisse de marge de l’entreprise», conclut-on.

– Avec Mathieu Boulay

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